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| CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. | |
| Auteur | Message |
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Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 22:51 | |
| Mes nouvelles Récits de Ali'J merci de respecter mon travail.
Bienvenue, et surtout merci à ceux qui liront et commenteront mes écrits (dans le sujet crée à cet effet naturellement ). Ici seront exposées mes nouvelles, j'ai pris du temps - et du plaisir- à les écrire alors merci de respecter ce travail. Je recherche particulièrement des avis constructifs qui me permettront d'avancer dans mon écriture. Car pour moi l'écriture est quelque chose d'important. Enfin, je vous épargne tout le blabla sur ma vie dont tout le monde se fout et vous souhaite donc une bonne lecture. --> Je sais qu'il y a beaucoup à lire :/ A vrai dire, je vous ai mis tout mon stock de nouvelles x) Bref, vous n'être pas obligé de tout lire évidemment vous pouvez vous faire des sélections selon les titre En espérant avoir de nombreux commentaires (:
Dernière édition par Crystal-Ali'J le Mer 2 Mar - 23:11, édité 1 fois |
| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 22:52 | |
| Une corde tressée vers la béatitude Récit qui peut paraître hard ou dur.
La corde coulait sous mes mains. Elle était solide. Solide à point. Et bien heureusement, cela faisait quelques temps que je cherchais une corde suffisamment solide pour soutenir le poids d’un corps. Un corps de battant. Un corps. Le mien. Je jouissais à l’idée des pensées des enquêteurs qui me découvriraient, pendu là haut, mon corps oscillant au rythme de la brise qui soufflait faiblement dans l’appartement. Et ils comprendraient ma bravoure, et l’audace dont j’eus fait preuve pour accomplir un acte si extraordinaire. Mon visage ferait la une, animé par la béatitude. Par l’extase intense. Ils marqueraient : Une mort heureuse ! Ils verraient mon tempérament courageux. Ils m’admireraient, oui ! Je serai un héros. Un sourire s’élargit sur ma figure. Je me levai avec avidité, observant la chaise cirée que j’avais placée sous la poutre la plus solide de mon modeste appartement. Je jetai un dernier regard vers la porte vitrée du balcon. Ce paysage si désolant, ce terrain vague sans âme. Ces ordures entassées, cette terre vide. Et par delà de noirs buissons : la route. La route singulière, affreuse, mortelle. La route bruyante que je ne supportais plus. J’allais enfin tout quitter. Ce monde cruel, où plus personne ne se respecte, ne me respecte. Ce monde où les gens ne voient plus les misères, ne voient plus que certains meurent dans des caniveaux, au milieu d’odeurs infâmes. J’allais leur ouvrir les yeux. Non, ma mort ne serait pas vaine. Tout le monde verrait qu’elle existe. Personne ne pourra passer devant un marchand de journaux sans ne voir mon expression. Mon expression qui leur fera peur, qui leur fera froid dans le dos. De mes mains habiles, je nouai un nœud coulant. Je testai la corde à mon cou. Parfaite, elle était parfaite. Ceux qui l’avaient tressé venaient de m’aider à changer le monde. Ces bons hommes qui ne savaient pas leur acte héroïque. D’un pas jubilant je m’approchais de la chaise, et atteignant avec peine la poutre, j’y liais l’attache. Malgré la connaissance de mon noble exploit, je dus prendre une inspiration pour avoir le courage de passer la corde autour de mon maigre cou. J’observai une dernière fois mon misérable appartement. Je l’avais rangé, je l’avais en tout point nettoyé, j’avais brûlé mes vêtements. J’avais fait disparaître toute trace de ma vie. Après tout, elle ne valait pas grand-chose, seul ma mort compterait. Et, après une brève hésitation, d’un coup de pied brusque, je poussai la chaise. Alors, je sentis la corde se resserrer à mon cou, le meurtrissant. La douleur m’envahit, et mes si bonnes résolutions (entre autre me laisser mourir avec un sourire imprimé sur mon visage) s’envolèrent comme on balaierait une poussière de la main. Mon instinct de survie reprit le dessus et, je m’agitai en tout sens pour trouver un appui sur lequel m’accrocher. Puis, mes mains incontrôlables tentèrent par tous les moyens d’arracher cette corde qui broyait ma gorge. Mais mes efforts furent vains et la corde, trop serrée, continuait à s’enfoncer dans ma chair. Ma tête tournait et j’avais l’horrible impression que mon cœur avait prit place dans mon crâne. Je m’efforçais de rester conscient mais mes sens m’abandonnaient peu à peu. Je voyais affreusement flou ne pouvant presque plus rien apercevoir dans mon petit appartement. Je n’entendais plus les bruits provenant de la route. Amorphe, je n’avais presque plus la force de me débattre. Mes paupières se fermèrent. Noir, il faisait si noir… Toute douleur avait à présent disparut, et une sensation de bien-être intense m’emplissait peu à peu. J’approchais mes mains à mon visage, mais aucune consistance physique ne palpa ma figure. Baissant les yeux, je m’aperçus que je n’avais plus de corps, ou peut-être plus d’yeux. J’essayai de crier mais aucun son ne s’échappa, aucun son de retentit. J’étais dans… Dans rien… Dans le néant, dirions-nous. On ne voyait là qu’une lumière noire, brouillant tout mes sens. Puis, une voix… La plus belle que j’eus entendus. Celle d’une femme. Elle était si enjôleuse que j’avais envie de la serrer dans mes bras. J’avais envie qu’elle soit mienne. - Qu’as-tu fais, Alassane ? Telle mort n’est pas digne de toi… Reviens donc tant qu’il en ait encore temps… Pars d’ici ! Reviens ! Mais je ne voulais pas partir, je voulais rester avec elle. Je ne pouvais la quitter. Et pourtant, je ne la voyais pas, devant moi le néant opéré toujours. Mais, elle m’attirait tant ! Cette voix si voluptueuse, si belle, si parfaite… J’aurais pus l’écouter durant des heures. - Alassane ! Il ne te faut pas mourir ainsi ! Le suicide n’est-il pas puni par le Seigneur tout puissant ? Alassane, reviens, reviens ! De mon vivant, je n’eus jamais crus en ce Dieu. Cette divination dont tout le monde parlait, que tout le monde craignait et qui ne faisait rien ! Il en laissait certains mourir de famine et d’autres de grandes détresses. De ce Dieu là, je n’avais pas peur. Mais la voix s’éloignait et de cela, j’étais terrifié. - Alassane, je ne puis rester ! Reviens ! Ne reste pas ici, où le néant règne et où t’attendent mille désastres… Non ! Elle ne devait pas partir. Je sentais mon cœur s’oppresser. J’avais l’impression que ma gorge, si j’en eus encore, se serrait elle aussi. - Pourquoi m’as-tu fait cela, Alassane ? Te rends-tu compte de la tristesse qui tu me contrains à supporter ? Alassane… La voix était bien loin à présent. Je ressentis une douleur si intense que j’avais l’impression que l’on m’arrachait le cœur. Je voulais pleurer mais les larmes refusaient de couler, je me rendais alors compte que je n’avais sûrement plus d’yeux pour pleurer et cette idée me déchirait. Qu’avais-je fais ? La Femme avait raison. Je n’étais pas digne d’une telle mort. Je me sentais si flasque, si amorphe. Mon esprit commençait à s’embrumer. La voix n’était plus là. Je tentais de revenir à moi, de sortir de ce néant, de retourner dans l’appartement, mais mes efforts furent vains. Un grand tourbillon de lumière blanche s’éleva devant moi. Un blanc pure. Le blanc des premières neiges, des jeunes enfants des nuages. Aussi blancs que leurs parents. Emerveillé par une telle beauté, je m’approchais. J’étais attiré. Je m’approchai tant que je touchai enfin la lumière. Mon esprit s’embruma. L’envol… Une caresse. Une voix effrayante. Emplie de fausse peine. - Il est trop tard… J’en suis désolé. J’ouvrais les yeux. Je repoussai violemment la main qui me barrait la vue. Des yeux perçants me fixèrent. Des yeux dorés, des yeux vermeils. Une pupille qui me semblait grosse comme une pomme. Une pomme aux traces de dents marquées. Au jus qui s’écoule. Je me souvenais. Un rire. Une main d’enfant. Une main innocente. Je me souvenais du soleil qui tapait ce jour-là sur la plaine. Et l’herbe mouillée par la rosée qui humidifiait mes chaussures. Et le chant des oiseaux, ce chant infinis qui se répétait. Se répétait… Je voyais avec clarté cet homme qui s’approchait. Son regard direct, franc, profond. Ses lèvres charnues, légèrement rougies comme la couleur du sang frais qui s’écoule d’une plaie. Son nez aquilin qui semblait me provoquer ou bien… M’attirer. M’attirer dans un piège, lequel ? Je n’en ai pas la moindre idée. Il s’approcha dangereusement de moi. D’un pas agile, d’un pas décidé. Bientôt, je m’aperçus que son visage n’était pas recouvert d’une fine couche farineuse mais que son teint pâle était bel et bien naturel. Comme moi… Je n’aurais jamais pensé qu’un jour quelqu’un puisse avoir une peau aussi blafarde que la mienne. Un contraste entre ses lèvres, entre ses yeux vermeils attirants mais pourtant si effrayants. Un contraste entre mes lèvres, entre mes yeux vermeils à l’attirance profonde. Qui est-il cet homme qui m’attrape le bras ? Qui est-il cet homme au regard furieux qui, cependant, traduit la peur et l’inquiétude ? Qui est-il pour tant me ressembler ? Je tentai de voir par delà ses yeux profonds, par-delà cette importance qu’il se donne, au-delà ce masque qu’il s’offre comme pour cacher son véritable visage. Une inquiétude certaine, une solitude pesante, une envie de se faire connaître. Une haine contre soi-même, contre ce monde. Un feu ardent brûlant son cœur. Non ! Je refermai les yeux. Non ! C’était moi… C’était moi ! Je ne supportais pas de me voir, de voir se que j’étais devenus. Soudain, je sentais mon corps s’agiter, mes mains trancher l’air. Une odeur agaça ma narine, une odeur de neuf froid. Je sursautai en me rendant compte que mon odorat était revenu. Que se passait-il ? Reviendrais-je à la vie ? C’était incroyable. - Du calme… Allons, chut… Une voix rassurante, une voix que je connaissais mais ne reconnaissait pas. Je tentais de voir mais n’y arrivais toujours pas. Des bruits de pas. Une voix pleine d’espoir : - Des progrès, docteur ! Il a bougé ! Docteur ? Mais où étais-je ? J’entendais tout, je percevais tout. Les bruits de pas et de voix étouffées dans le couloir, des sortes de roulette sur le sol, des souffles saccadés ? Des voix pleurantes. - Oui, madame ! Ne perdons pas espoir mais ne nous réjouissons tout de même pas trop vite, il se pourrait que ce soit une fausse joie… Une voix d’homme. Une voix bourrue. Une voix qui me terrifiait. Et cette femme à côtés qui à ces mots brusques retint sa respiration, qui était-elle ? Je sentis des doigts sur ma paume de main. Des doigts froids et humides. - Si tu m’entends sers ma main, Alassane. Moi ? Que devais-je faire ? Qu’adviendrait-il si je contractais les muscles de ma main ? - Alassane, je t’en pris… Cette voix suppliante… J’hésitai pourtant, les instants que je venais de vivre ou de… - Quel mot mettre sur ces moments - me paraissaient fous. Cependant, lorsque la voix redit ce mot qui lui semblait cher « Alassane », je fus si touché en plein cœur que j'obligeai ma main à serrer les petits doigts qu'elle tenait. La femme se mit alors à crier : - Il m'a répondu ! Docteur, docteur ! Ma main, il l'a serré ! Une goutte s'écoula sur ma main et fut vite balayée par je ne sais quelle force physique. Soudain, une vision s'imposa à moi. Des pages qui se tournent. Un livre d'enfant aux multiples couleurs. Une chaleur ambiante. Une joie environnante. Et puis cette voix, comme contant une histoire. Je ne perçus pas le sens de ce récit subjuguai par le seul son de cette voix féminine que je semblais connaître par cœur. Et enfin, je la reconnus, cette voix qui m'avait choyé, la voix de la femme la plus importante de ma vie, celle de ma mère. Alors, sous un voile cotonneux, je repris contrôle de ma vue et je pus apercevoir les yeux les plus beaux que j'eus vu de toute ma vie : un bleu profond, un bleu envoutant, un bleu clair, lumineux, magnifique. Ces yeux là je les ai regardés toute mon enfance pour enfin m'en éloigner. M'en éloigner en même temps que du droit chemin, pour m'engager dans l'allée des embrumes pour ne plus avoir en moi bonté et bonne conduite. Pour alors signer le pacte de ma mort certaine, de mon suicide certains. Je n'aurais jamais du partir ma petite maman, c'est en voyant tes yeux que je m'en rends compte si seulement je les avais vu plus tôt. - Ma petite maman, dis-je avant d'éclater en sanglots. J'étais à l'hôpital mais cela ne comptait pas. La seule chose qui importait c'est qu'elle soit là.
Dernière édition par Crystal-Ali'J le Ven 4 Mar - 12:43, édité 1 fois |
| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 22:53 | |
| Toulouse - Barcelone envoyée à un concours, non primée
Je déposai mes affaires dans la seule cabine vide que j'avais trouvée. Je désirais être tranquille pour... Pour quoi d'ailleurs ? Pour méditer ? Pour travailler ? Je ne savais pas encore ce que je comptais faire, mais je voulais être au calme cela était certain. Le train allait bientôt démarrer. Sept heures de trajet pour joindre Toulouse et Barcelone. Je quittais la belle ville rose pour aller jusqu'en Espagne, peut-être sur un coup de tête, je ne savais encore si cela allait m'être bénéfique mais j'en ressentais le besoin. C'était un fait, il fallait que je me change les idées et cette proposition faite par une amie de venir lui rendre visite chez elle avait été la bienvenue. J'avais été la victime d'une de ces histoires de cœur qui vous brisent. Une ou plusieurs... J'enchaînais les catastrophes depuis plusieurs années. J'avais un tempérament peu courageux et dès qu'une relation commençait à se concrétiser, j'y coupais court, sûrement pour ne pas avoir à me mouiller. Mais cette dernière fois avait été différente. J'avais décidé que pour rien au monde je ne ferais encore une bêtise pareille et lorsque notre amour fut enfin dévoiler au grand jour je ne me défilais pas comme chaque fois. En vérité, c'est lui qui le fit deux mois plus tard. La haine et la tristesse habitaient à présent mon esprit et il semblait que j'avais perdu toute confiance en moi - confiance qui n'était déjà pas très élevée. Le pire était que je ne savais même pas pourquoi il m'avait quitté. Mon entourage me soutenait que se n'était pas un homme bien pour moi, qu'il m'aurait fait du mal et qu'il était mieux finalement qu'il m'est quitté - le problème c'est que c'était notre rupture qui m'avait fait du mal. En plus de cela, mon éditeur me harcelait pour obtenir le premier jet du roman que je lui avais promis et pour lequel je n'avais aucune inspiration. Je me demandais à présent si la voie d'écrivain était la mienne alors que je m'étais battue pendant plusieurs années pour percer dans le métier. A vrai dire, je doutais de tout. Tandis que le départ du train ébranlait le wagon, j'ouvrais mon ordinateur et le début - ou plutôt l'embryon - de ce foutu roman. Le scénario qui m'était apparu en plein sommeil - car j'avais l'habitude de réfléchir la nuit à un nouveau projet - ne me semblait plus aussi intéressant, voir même tout à fait ennuyant et sans originalité. Il fallait absolument que je trouve quelque chose sinon ce bon vieux M. Matthews, pourtant doté d'une grande patiente, allait me faire brûler sur le bucher. Mais je ne trouvais rien, pas même un soupçon d'idée. Je m'écroulai alors sur la banquette de la cabine, maudissant ma tête qui avait décidé d'être hors service. C'était vraiment pas le moment ! J'entendis soudain la porte s'ouvrir. Je me redressai et jetais un regard mou vers le nouveau venu. Un jeune homme qui après une brève observation - chose pour laquelle j'excellais - ne laissait apparaître que des points positifs : un léger pull gris qui était certes simple mais élégant, un jean qui - Dieu soit loué - ne comportait aucun signe de délavage et de trous larges comme une paume de main tel ceux que portait tant de gens à notre époque et que je trouvais tout à fait ridicule. Ses cheveux avaient une pose soignée, leur brun était brillant se qui montrait un entretien appliqué, ses yeux étaient verts, sa peau était mate et son corps était musclé - pas comme un champion de la gonflette, sinon ça fait trop, mais d'un façon très séduisante. Il prenait soin de son corps et cela me plaisait bien. Je me demandais s'il allait s'assoir avec moi, chose qui ne m'aurait pas déplu. Mais, brisant tout le glamour, il demanda : - Bonsoir, mademoiselle, vous avez votre billet ? C'est officiel, je suis maudite ! J'avais une de ces poisse ! C'était vrai tout de même, le seul garçon sur lequel j'avais flashé en plusieurs mois était le contrôleur d'un train... Et il semblait que je n'avais pas mes chances avec lui. Je fouillai dans mon sac et lui tendit ce qu'il attendait : - Tenez, dis-je d'une voix peu enjouée. Il me décocha un sourire et s'en alla en énonçant un merci mécanique. En colère contre moi-même, je me replongeai dans mon récit ou dans ce qu'il devrait être. J'avais démarré l'histoire d'une femme célibataire qui descendait dans un hôtel de New York, je comptais y faire là la rencontre entre elle et l'amour de sa vie mais cela me semblait à présent trop banal et je savais bien que M. Matthews me rirait au nez - surtout avec le temps que j'avais pris pour trouver une idée aussi nulle. Frustrée, j'effaçai tout mon texte sans vraiment réfléchir. Depuis quelques temps j'étais proie à des impulsions colériques que je n'arrivais à raisonner et je faisais parfois des choses que je regrettais par la suite : j'avais raccroché au nez de ma mère qui m'avait énervée pour m'avoir parler de ma rupture avec de la compassion ancrée dans la voix, voilà là plusieurs semaines qu'elle ne m'avait plus reparlé, j'avais donné un coup de pied dans la cuisse de mon chien, il boitait à présent et j'avais renversé d'un revers de main mon ordinateur fixe, j'avais du l'envoyer à la réparation - pour une facture qui faisait mal au cœur. Et voilà que je me sentais au bord des larmes ! J'en avais plus que marre de mes états d'âme ! Un bruit retentit, un grincement. La porte venait de glisser. « Encore, pensais-je, un autre contrôleur ou un vieux morose ? J'ai envie d'être tranquille ! ». Mais ce fut le beau brun qui fit son entrée. Je m'interdisais alors de fondre en larme, je détestais montrer mes faiblesses. Moi qui aimais donner l'image d'une femme forte ne l'étais pas tellement. Mais j'avais toujours détesté voir de la pitié dans les yeux des gens, et ces temps ci je voyais trop ce sentiment apparaître autour de moi. Ces regards qui semblaient dire : « La pauvre, elle va finir vieille fille si ça continue ! », ou bien : « Heureusement que j'ai un mari qui m'aime et des enfants, roh là là, je pourrais devenir comme elle ! ». Il murmura : - Je me suis dis qu'il était vraiment dommage de laisser une aussi jolie femme seule. Je retins un hoquet, comme les livres à l'eau de rose le décrivait. Il s'engouffra dans la cabine et vint s'assoir sur la banquette. Il jeta un coup d'œil à tout mon attirail et demanda : - Madame travaille ? - Non, madame voudrait bien mais elle n'y arrive pas. - Je suis vraiment navré. Je vais devoir vous occuper alors. Le sourire qu'il m'offrit n'était pas le même que tout à l'heure, plus étincelant, plus vivant et surtout plus vrai. - Je m'appelle M... Commençais-je, mais il me coupa en posant un doigts sur ma bouche. - Je ne veux pas savoir, susurra t-il.
Il se pencha vers moi et plaqua ses lèvres contre les miennes. Je ne me débattis pas, au contraire, je lui rendis son baiser. Je n'avais jamais embrassé un inconnu, cela avait quelque chose de mythique, de mystérieux. Et puis, il embrassait délicieusement bien, il ne fallait pas omettre ce détail. Nous restâmes ainsi un long moment, un moment d'envol. Puis, de mes cheveux, ses mains descendirent au creux de mes reins. Je ressentis un frisson parcourir mon corps. Nous ne dîmes rien. Il dégrafa ma chemise, je retirai son pull, puis son tee-shirt découvrant ses muscles. Nous déroulâmes une couchette et nous fîmes l'amour. Cela n'avait rien à voir avec ce que l'on voyait dans les films ou ce que l'on racontait dans les livres, ce n'avait rien de fougueux, le beau brun était doux et ce fut un moment des plus agréables. J'étais niché dans son torse quand je ressentis une petite secousse, le train semblait s'arrêter. Je me redressais brutalement. Il posa une main sur mes cheveux. - Du calme, ce n'est que le premier arrêt, tu descends où ? - Barcelone. - Alors tu as encore du temps à passer dans le train. Par contre moi il faut que je reprenne mon service. Il m'embrassa et sortit du lit pour s'habiller. Je l'observais enfiler son pantalon et son tee-shirt, il laissa son pull sur la table comme une promesse. Je pensais alors que je ne devais pas être la première passagère à qui il faisait l'amour, mais étrangement je m'en fichais éperdument. Il me fit un clin d'œil avant de partir. Je me retrouvais seule dans la couchette. J'avais un peu froid sans la chaleur du corps du beau brun. Je me sentais pourtant relaxé, sentiment que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps (même avant cette rupture brutale dont j'avais fait les frais). Je restais ainsi un temps que je ne comptais pas. Je ne m'endormis pas, je pensais seulement aux beaux instants que je venais de vivre. Je n'avais jamais cru vivre cela un jour, je n'y avais même jamais songé. Il revint, nous reprîmes nos câlins, plus passionnés encore. Je laissais le désir prendre possession de moi, nos corps ondulaient avec délicatesse, tout était bien. Le train s'arrêta ensuite pour la dernière fois, à Barcelone. Nous étions tout deux entrelacés, nous échangeâmes un dernier baiser et il s'en alla, sans un adieu sans un au revoir. Juste un regard brillant. Je rassemblai mes affaires et sortis du train. La gare était peuplée de monde, les gens se bousculaient. Une personne distraite me poussa et je manquai de faire tomber mes affaires – dont ma mallette d'ordinateur. Elle se confondit en excuse mais pour moi cela n'avait pas d'importance, et je la rassurais en lui disant que je ne lui en tiendrais pas vigueur. Cécile attendait calmement sur une des banquettes de la gare. Lorsqu'elle me vit, elle vint m'embrasser chaleureusement et me serra dans ses bras comme elle le faisait souvent - Cécile était quelqu'un de très physique, elle ne pouvait pas parler à quelqu'un sans ne la toucher. Puis, elle se recula et me regarda : - Pour une jeune fille désespérée, tu es drôlement rayonnante, Mina ! - C'est l'Espagne que veux-tu ! Elle éclata de rire et me prit par les épaules. - Allons, allons, rentrons à la casa ! Elle aimait à prononcer les quelques mots espagnols qu'elle connaissait, car bien qu'elle ait emménagé en Espagne, mon amie n'avait jamais voulu se mettre vraiment à apprendre la langue du pays. Installée chez Cécile, dans l'appartement adorable où elle vivait seule tout le long de l'année, je déballai mes affaires. Lorsque j'ouvris mon ordinateur, un morceau de papier vola en l'air et vint choir au sol, je me baissai alors pour le ramasser. Un numéro de téléphone y était inscrit, avec écrit au dessus : « moi ». Le beau brun avait du glisser le papier pendant que je me rhabillais. Pensait-il vraiment que j'allais le rappeler ? Il sera déçu. Je m'en emparai et le froissai dans ma paume de main. Il termina à la poubelle dans la minute qui suivit. Je ne voulais garder que le souvenir d'un moment idyllique, et ne voulais pas revoir le beau brun pour rien au monde. Je me sentais par la suite apaisée et surtout ma confiance en moi était remontée d'un coup d'un seul. J'avais alors décidé que les histoires concrètes n'étaient peut-être pas pour moi ou en tout cas pas pour le moment et que je n'étais pas obligé de m'encombrer l'esprit et le cœur avec un petit ami qui de toute façon ne me comblerait pas. Après tout, être célibataire n'avait rien de terrifiant, cela était à présent signe pour moi de liberté. Rien ne me serais dorénavant interdit et il semblait que je n'avais plus peur des hommes, mais cela restait encore à prouver. Je restais quelques temps en Espagne, mon roman avançait à une vitesse phénoménale. J'envoyais mon premier jet quelques petites semaines plus tard. D'ailleurs M. Matthews en fut ravi et me demanda de continuer en ajoutant que cela était très prometteur et qu'il aimait beaucoup le personnage principal. Une jeune fille qui rencontrait un homme brun dans un train. Allez savoir où l'idée m'est venue. Cécile était adorable, elle me dorlotait même si je n'en avait pas tellement besoin. Et l'Espagne était magnifique, plus encore que toutes les autres fois où je m'y étais rendu. Quand je suis rentrée chez moi, mon ordinateur était réparé, mon chien allait bien mieux - j'ai tout de même pris rendez-vous chez un vétérinaire, on ne sait jamais - et j'ai réussi à me réconcilier avec ma mère. Une chose était sûr, je n'étais pas prête d'oublier cette nuit dans ce train. Mais personne ne sut jamais ce qui c'était passé, et tout le monde était loin de penser ce qui avait été la vérité. A présent, je voulais voir dans les regards : « Si seulement je n'avais pas un mari qui m'aime et des enfants, je pourrais être comme elle : libre. ».
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 22:55 | |
| Innocence salée Envoyée à un concours dont le thème était "La mer & l'enfant".
Le blanc de l'écume venait s'échouer contre la falaise à la roche saillante tandis que les vagues s'y brisaient en un fracas presque mélodieux. Les oiseaux se faisaient moins nombreux au dessus de l'eau et l'on entendait à peine les quelques cris des mouettes qui dansaient encore avec le vent. Une douce brise soufflait et certains brins d'herbe se couchaient jusqu'à épouser de leur pointe verte le sol sableux. Le ciel s'assombrissait avec lenteur, passant à ce moment là au stade coloré du coucher de soleil. Seule une silhouette alors noircie tranchait les tons orangées qui se déployaient devant elle. La silhouette d'un petit garçon. Il avait passé la barrière qui l'avait alors dangereusement rapproché du pic de la falaise. Il s'était assis là avec un silence presque cérémonieux et avait laissé ses jambes pendre avec nonchalance dans le vide. Ses doigts aux ongles sales avaient alors suivi avec habitude les craquelures que le sol leur offrait. Il respirait avec délice ces odeurs qui lui étaient si chères. Les odeurs de la mer. Le mélange d'un vent nouveau et d'eau salée. Il observait avec minutie et application les mouvements des flots qui lui rappelaient alors sa vie toute aussi chaotique. En face, un peu plus loin, il apercevait ce phare dont - il le savait - la peinture blanche et rouge s'écaillait avec le temps. La lumière permettant de guider les navires allait être sous peu allumée. L'enfant attendait ce moment. Le vent, lorsqu'il caressa ses épaules nues, le fit frissonner mais qu'importait, il voulait rester là. Il se sentait à cet endroit comme choyé. Comme câliné et bercé doucement dans les bras de cette mère qu'il n'avait pas eut. Le bruit des vagues lui permettait de réfléchir et lui avait appris à accepter ce qui faisait partie des obstacles de la vie. Un manque d'amour peut-être alors comblé, sûrement pas entièrement mais cela était déjà mieux que rien. L'écoute des ondulations de l'eau comme une confidence. Une confidence pour laquelle les mots n'étaient pas important, seulement les sons, les odeurs et les émotions. Ce moment privilégié, il n'en avait jamais parlé à personne. Il faisait partie de son jardin secret, de son bonheur inconnu. Les rayons de la lumière du phare vinrent transpercer l'atmosphère devenue alors obscure. Il observa ces traits lumineux qui se dessinaient dans le ciel. Il ferma les yeux, inspira une bouffée d'air. Il ne pleurait pas. Non, voilà bien longtemps qu'il n'avait pas pleuré. Cela aurait été pour lui un instant de défaite. Une défaite contre lui même, une défaite contre son malheur. Le malheur d'une perte, celle de sa mère qui avait disparue lorsqu'il était à peine âgé de quatre ans. Il faisait croire qu'il ne se souvenait de rien qui traitait à ce sujet, pour ne pas avoir à raconter ce qui avait été le pire moment de sa vie. Les paupières ainsi closes, il se laissa aller. Il repensa à ce jour. Le jour. Le toit de la petite voiture était tenue au creux de sa main. La joue posée au sol, il observait les roues du véhicule miniature tourner sur elle même. Il avait alors entendu des bruits de pas derrière lui. Les pas de son père. Il avait appris à les reconnaître avec le temps, lui qui était souvent la tête par terre à regarder ces choses qui semblent sans intérêt mais qui étaient pour lui captivante. Il avait relevée son visage. Sa joue gauche portait la marque rougie de la pression qu'il avait exercé dessus pour pouvoir mieux examiner son jouet. Ses boucles blondes en bataille tombaient sur ses épaules. La voix paternelle lui demanda de s'assoir à ses côtés sur le lit. Les couvertures étaient moelleuses, il passa ses doigts dans les plis du draps. Et tout bascula. Comme une bombe qui explosait, son père lui apprit que sa mère venait de perdre la vie dans un accident. Le petit garçon avait hochait avec sérieux la tête. Il s'était interdit tout pleurs. Jamais ces derniers ne recroisèrent sa route. Il lui fallait être fort. Pourquoi ? Il ne le savait lui même. Mais il le devait, il en était persuadé. Son père en fut bouleversé. La tristesse s'était abattue comme un poids insurmontable sur son dos. Il tentait de luter, mais n'y arrivait pas. Alors le petit garçon, dont mes cinq ans arrivaient à peine, se promit de l'aider. L'aider dans sa douleur. Il n'avait pas failli à sa promesse. Même sept années plus tard. Mais cette charge devait pour lui de plus en plus lourde à porter. C'était pourquoi il s'octroyait ces quelques temps d'innocence. Celle qu'il n'avait eut que quatre ans durant sans penser un seul moment qu'elle pouvait être précieuse.
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:00 | |
| Cet homme-là ...
Il entrouvrit doucement ses lèvres laissant s'échapper la fumée blanchâtre du tabac. Sa tête tomba doucement dans les draps. Tout autour de lui se formait comme une bulle de bien être. Bien être encore taché, mais bien être quand même. Il se laissait bercer au fil de la musique de Jeff Buckley qui hurlait ses Hallelujah dans une voix cassée qui faisait son charme. Dans sa tête grisonnaient encore des lettres brulantes. Des mots, des phrases, des questions, des « pourquoi ? », des « comment ? », Des « putain ! »... Des morts qui se bousculaient en fracas et que l'effet de la clope tentait d'apaiser. Du moins c'était ce qu'il aurait voulu. Il tira une grande bouffée. Il était paumé. Oui, totalement paumé. Et il détestait ça, ne pas avoir d'emprise sur son esprit lui faisait peur. Mais pas une peur comme on pourrait avoir peur d'un film, ou même pour un examen. Non, il était terrifié. Terrifié par l'inconnu. Comme tout le monde. Mais ça, il ne le savait pas. A vrai dire, il pensait même ne rien savoir. Ou plutôt ne désirait rien savoir. Et c'était cela cette véritable peur qui se propageait dans son esprit. Il voulait mais en même temps ne voulait pas. Avait peur de l'inconnu et l'attrapait à plein bras. Il avait une envie folle de crier, mais se taisait par choix. Ses doigts formaient des cercles dans la fumée. Il riait. Il riait comme il aurait pleuré. Pleurer aurait été trop stupide. Alors il riait. Il riait pour toute cette absurdité. Toute cette connerie qui l'emplissait. La tristesse, la colère. Que ces sentiments dégagent de son corps et qu'ils le laissent vivre en paix à la fin ! Aurait-il fallu qu'il ne soit plus humain même alors il les aurait arraché de lui. Parce qu'ils le rendaient fous. Et que l'amour aussi s'en aille. Il le rendait vulnérable et engendrait fureur et accablement comme on lui courberait le dos pour mieux lui casser la nuque. Son corps tout entier tremblait. Mais, il n'avait pas froid. Il n'avait jamais froid. Il n'avait jamais chaud. Ou du moins, à cet instant là, il ne se souvenait avoir jamais éprouvé pareilles choses. Fou. Devenait-il fou ? Ses ongles s'enfonçaient dans son crâne tentant de chasser la migraine qui voulait y trouver refuge. La clope se consumait doucement. Il ne pouvait alors plus s'en passer. Surtout le soir, pour arriver à dormir. Cependant, il savait bien qu'il se faisait des idées. Non, il n'arrivait tout de même pas à dormir. Mais il fallait bien trouver un prétexte qui ferait en sorte de croire qu'on agit à notre bonheur alors qu'on se détruit tout simplement et surement. Le martèlement désagréable dans sa tête se faisait de plus en plus pressant. Comme si sa conscience démolissait son crane à coup de pioche en criant « réveille toi, crétin ! Te laisse pas abattre ! ». Damon ne s'était jamais laissé abattre. Pas même quand il avait appris la mort de son père, de sa mère, et de son frère. Il avait continué à foncer. Et pourquoi ? Parce qu'un jour, un homme, un brave homme, un homme dur, s'était approché de lui, avait passé son bras autour de ses épaules et lui avait dit : « Petit, tu fonces. Tu casses les briques, tu pousses tout sur ton passage et tu réussis, petit. C'est tout ce que je te demande ! » C'était à cet homme là que pensait Damon alors qu'il emplissait ses poumons d'illusions noires. Il l'avait toujours admiré au delà de toutes apparences, au delà de toute réalité. Parce que cet homme là, il avait réussi. Parce que cet homme là, c'était le plus beau penseur à ses yeux. Parce que cet homme là, c'était son père. Avec sa barbe des cinq jours, son parfum hard, ses disques de Noir Désir, sa poignée de main avertie, ses chemises pliées auquel il administrait toujours une pointe de froissement. Oui, cet homme là c'était son père. Damon regarda un moment sa cigarette qu'il n'avait pas entièrement terminé. Il se leva d'un bond. Ses pieds entrèrent rapidement en contact avec le sol froid, crasseux. A sa droite, il actionna la poignée de la seule fenêtre de la chambre. Alors qu'il l'ouvrait en grand, l'air frai prit possession de la pièce et fit fuir l'odeur du tabac chaud. Il inspira profondément. Et dans un geste ample, il jeta sa cigarette au loin. Il referma la fenêtre. « Hallelujah » avait laissé sa place à « le vent l'emportera ». L'homme droit l'observait toujours dans le petit cadre posé sur la commode, alors il semblait lui sourire.
Dernière édition par Crystal-Ali'J le Mer 27 Avr - 18:10, édité 1 fois |
| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:04 | |
| Duvet BlancPour toi ma geekette préférée
Mais que cela s'arrête ! Que cela s'arrête ! Elle n'avait plus la force. Plus le courage. Non, plus d'espoir. Quand elle observait la photo qui se déchirait sous ses doigts tremblants, elle ne pensait plus qu'aux moments heureux qu'elle avait pu vivre dans un passé si lointain à présent. Et, la sombre réalité était qu'elle n'en avait plus dans son esprit que de minces miettes qui s'étaient écaillées avec le temps. Non, le temps ne répare pas les blessures. Non, on n'oublie pas avec le temps. Non, on apprend juste à faire avec. Mais, était-ce vraiment possible ? Elle n'avait même plus l'envie. Et sur la photo, ce sourire figé dans lequel elle ne voyait plus que le vice qui rongeait la vie de cet homme là qui semblait la regarder. Elle aurait voulu que tout cesse, renaître, revivre, oublier, ne plus avoir mal, mais elle savait bien que cela n'était plus possible. Alors, ses yeux s'embuaient de tristesse. Et elle pleurait comme si elle voulait arracher de son corps ce vieux démon qui la détruisait à petit feu et qu'elle combattait jour après jour. Ce soir là, et comme de nombreux soirs, elle n'y croyait plus. Elle n'avait plus d'espoir. Oui, c'était cela. Elle tentait de penser à des choses heureuses. Mais tout semblait s'écrouler autour d'elle. Elle tombait lentement dans les draps. Et elle pleurait. Pleurait. Pleurait. La fatigue alourdissait ses paupières. Mais elle pleurait toujours et savait qu'elle n'arriverait de toute manière en rien à dormir. Alors, elle se leva. Se redressa tant bien que mal. Bientôt, ses pieds s'enfoncèrent dans la neige. Elle sentait à peine la froideur du doux duvet blanc. Elle marcha un moment, pieds nus, épaules dénudées. La campagne blanche défilait à côté d'elle au fil de ses pas. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle marchait encore comme pour guérir ses maux. Comme pour crier ses maux. Comme pour hurler des mots. Des mots brulants, des mots qui faisaient mal mais pourtant tant de bien. Et alors, elle courait, elle courait. Ses cheveux volaient autour d'elle, humidifiés par l'atmosphère qui l'entourait. La cote était rude, elle avait mal aux chevilles, son talon droit saignait, écorché par le sol. Et pourtant elle continuait son avancée. Enfin, elle se stoppa, s'assit lentement et planta ses yeux dans le paysage qui se dépeignait devant elle. Elle inspira une grande bouffée d'air. Les toits des maisons qu'elle observait de hauteur lui paraissaient alors comme à portée de main. Comme si elle pouvait les tenir dans sa paume moite. Elle ne pleurait plus. Elle s'inventait un cocon autour de ses épaules pour ne pas avoir froid. Elle ne pensait plus à rien à part à ce monde qu'elle pouvait alors dominer. Et alors, elle se mit à rire. A rire. Rire. Elle ferma les yeux un instant et les rouvrit pareil à une façon de se signifier que repartir d'un bon pas serait surement le bienvenu. Une photo se laissait alors recouvrir par la neige, posée sur la colline surplombant un petit village. Sur cette photo, on arrivait encore à découvrir le visage d'un homme qui avait perdu sa chance. Personne ne sait si la vie en offre une nouvelle. Et alors, sa fille s'en retournait, pieds nus, épaules dénudées, vers un autre avenir.
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:06 | |
| Se casser. .
Il semblait seulement que la musique l'entraînait dans une certaine euphorie grandissante. Elle se laissait aller comme elle ne l'avait jamais fait. De nombreux sentiments tellement contradictoires se mélangeaient en elle même. Elle bouillonnait, elle aurait voulu crier, pleurer, rire, parler, danser, chanter... Et alors que son corps ondulait sur les rythmes qui se balançaient de notes en notes, elle ne pouvait s'empêcher de pousser un cri. Un cri pareil à un cri de victoire. Oui, elle avait gagné. Sa liberté ? Elle n'irait pas jusque là mais une chose était certaine ce soir là, elle était persuadée d'avoir fait le bon choix. Celui qu'elle attendait depuis une bonne décennie. Elle l'avait chassée hors d'elle même, hors de sa vie, hors de son histoire. Elle avait barré son nom avec application, implication, avec une rage sans colère. Elle l'avait viré, renvoyé, expulsé, congédié de toute les manières dont elle en avait été capable. Alors, tandis que la musique se faisait plus lente, elle s'écroulait dans le fauteuil qui se trouvait par miracle à proximité. Elle inspira, expira, inspira, expira un long moment pour enfin se rendre compte que l'adrénaline était tombée, et qu'alors, elle pouvait se remémorer cet instant. Instant de joie ? De tristesse ? De colère ? Elle n'était plus certaine de rien. Tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était venue taper ce soir là à sa porte. Il était exactement 23h21, oui, elle s'en souvenait, elle avait regardé sa montre juste avant d'abattre son poing sur la porte en pensant que, tant pis, il l'avait cherché et même s'il était tard, cela en valait surement la peine, pour elle du moins... Il était venu lui ouvrir, ses cheveux étaient en bataille comme à l'accoutumée. Lors de leur première rencontre, elle avait trouvé cette coupe tout simplement irrésistible, à présent elle avait juste eut l'envie folle de lui sauter au cou et de lui arracher sa tignasse. Mais elle s'était retenue. Même lorsqu'il lui servit son pauvre sourire à la « Ma chérie ! Tu es enfin revenue ! J'en étais persuadé. ». Oui, à ce moment là, elle ne doutait plus, il s'en fichait bien d'elle et de ses sentiments tant qu'il pensait pouvoir la sauter le soir même. Elle n'avait pas prononcé un mot, pas un entrouvement de lèvres, pas un rictus. Rien. Et elle s'était engouffrée dans l'appartement. Minable, à l'effigie de son propriétaire. Mais là, et elle ne savait toujours pas pourquoi, elle avait éclaté de rire. D'un rire méprisant, d'un rire sans joie, sans colère non plus. Un rire dont il n'avait à parement pas compris le sens négatif qui lui était dédié puisqu'il la suivit dans une hilarité toute autre. Avait-elle alors décelé du soulagement ? Elle s'en fichait pas mal, à vrai dire. Il s'était approché et l'avait attrapé par la taille croyant que tout était pardonné. C'était alors venu du cœur, du corps, de l'esprit, et en l'attrapant bien profondément dans sa gorge, elle lui cracha un gros mollard au visage. Tandis qu'il dégoulinait dans l'œil du salaud qu'elle avait cru aimer, elle revoyait en lui le jour où elle l'avait surpris, sans gêne il avait poussé dans son lit une autre de ses pétasses. C'était la veille. Non, elle n'était pas en colère. Elle éprouvait juste un dégout immense. Et aussi une envie de tout casser dans sa vie qui n'était déjà pas bien élevée. D'un grand geste de la main, et sans qu'il ne puisse l'en empêcher, elle avait renversé téléviseur écran plat, chaine hifi, plat sur la table basse. Poussé au sol l'étagère de CD et de DVD. Elle lui avait jeté un regard qui voulait dire : « Tu vois, c'est ça que ça fait que de se retrouver sur le cu. Pour toi, je n'étais qu'un objet, et comme ceux qui gisent par terre, je vais me casser. Mais pas me briser en deux, non, me casser de ta vie. » Elle n'avait débité aucune paroles, jugeant que seul ce regard suffirait à lui faire comprendre qu'il n'était plus le bienvenu sur le chemin qu'elle voulait se tracer. Et elle s'en était allé, sans se retourner. La chanson tournait à sa fin. Mais, Mina savait que pour elle le reste de sa vie ne faisait que commencer.
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:09 | |
| Vivre pour deux .
Ce matin-là, elle s'était levée en se disant que cela ne pouvait durer, qu'elle consacrerait toute son énergie à se libérer. Elle avait, lentement, posé ses pieds d'un blanc naturel sur le marbre froid et s'était, avec peine, appuyé sur ses cuisses pour pouvoir se relever. D'un regard encore embrumé, elle avait parcouru des yeux la pièce. Rien n'avait changé depuis lors. Chaque objet était encore en place, comme si rien n'était jamais arrivé. Mais c'était pourtant faux. Elle le savait mieux que personne et ressentait de plus en plus, jour après jour, la tristesse de cette perte. De ce vide. De ce manque. Et c'était cela qui l'emprisonnait pareil à une chaine qui plus le temps passait, s'enfonçait dans sa chair. La douleur n'avait toujours pas disparue même si deux mois venaient de s'écouler sans bruit. Deux mois seule. Deux mois sans sa présence réconfortante. Elle aurait alors voulu crier mais elle n'en avait plus la force et réussissait seulement à faire couler de grandes larmes sur ses joues qui y paraissaient à présent habituées. La sensation que l'on ressentait lorsque l'on avait trop pleuré, la sensation d'un vol lourd, d'une contradiction des sens, semblait être devenu une habitude auquel elle n'arrivait toujours pas à offrir une fin. Elle se sentait dépourvue de puissance, physique c'était certain, morale aussi, plus que tout. Mais, alors que le soleil apparaissait doucement, le ciel encore noirci par la nuit et pourtant coloré par le levé d'un jour orangé, elle se promit à elle même de remédier à tout cela. Non, ce n'était plus possible. Il ne l'aurait pas voulu. Elle l'avait toujours su bien sûr, mais à présent elle arrivait à observer en face cette idée qui paraissait encore un peu compliqué. Impossible. Mais n'avait-elle pas lu un jour, « Ce n'est impossible que si tu crois que ça l'est. » ? Lu ou entendu. En vérité, elle ne s'en souvenait plus très bien mais s'obligeait, avec une force qu'elle n'avait plus entraperçut en ces deux longs mois, à se le répéter sans cesse dans son esprit. « Ce n'est impossible que si tu crois que ça l'est. » Croyait-elle tout cela impossible ? La véritable réponse était oui, mais elle s'efforça de penser non. Un pas, deux pas. Du renouveau pour ses membres restés trop longtemps immobiles, pelotonnés dans les draps du lit. Un coup d'œil vers le miroir de la commode lui apprit définitivement que cela n'allait pas bien. Mais alors pas bien du tout. Sous ses yeux se traçaient de grandes lignes de mascara et de crayon coulés qui dataient déjà d'un certain temps, ainsi que des cernes plus foncées qu'elle n'en avait jamais possédé. Ses cheveux blond, aux racines grasses, se dessinaient en une bataille de mèches plus brunies qu'à l'accoutumée. En fait, elle se reconnaissait à peine dans son reflet. Elle ravala l'envie de pleurer qui se faisait de plus en plus pressante et se dirigea vers la salle de bain. Bientôt, des jets d'eau brulants vinrent se fracasser en cascade contre son dos comme pour chasser ses idées noires. Elle frotta un long moment sa chevelure, ses bras, ses jambes, son corps. Elle voulait tout effacer pour recommencer. Non, pas tout effacer. Elle voulait garder ces souvenirs heureux qu'elle avait vécus avec Lucas. Mais effacer du moins ses espoirs de résurrection par la pensée ou autre conneries du genre. Parce qu'elle y avait songé un long moment, croyant que pensant à lui il se matérialiserait face à elle. Il fallait à présent se résigner à sa perte. Elle avait pensé pouvoir surmonter le moment de sa mort, mais apparemment, elle n'avait pas été assez prête. Et pourtant, elle avait tenté de s'y préparer le mieux possible lorsqu'elle avait appris que Lucas, son homme depuis plusieurs années, était atteint d'une leucémie intraitable. Elle avait rêvé de remèdes miraculeux qui n'étaient jamais arrivés, mais à ce moment là Lucas était toujours avec elle pour lui murmurer d'arrêter de se faire des illusions, et de penser à un avenir sans « nous » avec un seul « je » qui a l'obligation d'être heureuse même s'il n'était plus là. Elle avait essayé. Sans résultats très positifs. Et maintenant... Maintenant que tout était terminé, elle ne savait comment faire face. Elle sortit lentement de la douche. Son visage commençait à reprendre une forme un peu plus attrayante. Ses yeux lui piquaient. Elle s'essuya vigoureusement les joues, le front, et les paupières. Elle frottait, frottait, frottait. Bientôt, elle lâchait la serviette qui vint choir au sol, emplit d'ondes négatives. Elle observa ses pupilles dans le miroir. Elles étaient étrangement petites comme si son esprit était sous l'emprise de quelques drogues. « Ce n'est impossible que si tu crois que ça l'est. » Elle enfila son jean, elle avait tellement maigri qu'il lui lâchait considérablement. Elle rajouta une ceinture et un tee-shirt piqué au hasard dans le placard. Elle marcha jusque dans le salon. Le teint au dehors devenait de plus en plus lumineux. Elle croyait alors en la possibilité d'une liberté morale. Elle observa un instant le ciel, les quelques nuages, détectant de nombreuses formes connues. Elle pensait. Elle pensait comme elle crierait, avec force et rigueur. Avec puissance. Elle criait au nom de Lucas, pour Lucas, à Lucas. Elle criait des « je t'aime » des « Oui, je m'accrocherais. » et des « puisque tout est possible, allons-y. ». Elle se leva alors d'un bond et mit en marche la cafetière. Ce bruit familier du démarrage qu'elle n'avait pas entendu depuis un petit moment lui offrit un pincement au cœur, plus agréable qu'autre chose. Enfin, l'odeur du café chaud emplit la pièce. Elle respira une grande bouffée d'air. Elle avala l'air. Le consuma. Comme pour revivre de ses cendres. Pareil aux phénix des mythologies qui, de ses ailes dorées et par son chant mystérieux, l'avait enchanté dans son enfance. Enfance innocente. Innocence. Elle en était alors follement éprise de ce mot, de cette situation de bonheur, sans soucis. Où aucun tracas ne venait barrer sa route de fin cailloux blanc. Ce n'était peut-être qu'une simple illusion, mais l'amour n'était-il pas lui même une illusion ? Et pourtant chacun l'espérait ou le vivait un jour ou l'autre. L'illusion était le propre du vivant. Elle apportait les rêves, les envies, les miracles, les réussites. L'envie saugrenue de s'avancer dans une danse enjouée la prit soudainement et elle ne put faire autrement que d'y céder. Enfin, ses membres virevoltaient dans des gestes maladroits, le regard planté vers ce qui était son nouveau bonheur. Ou du moins le début. Une musique douce se formait autour d'elle et elle s'y calquait pour rendre ses mouvements plus gracieux. Se laissait entraîner à l'allégresse d'un tourbillon de folie, elle tournoyait sans fin pendant un moment indéfinie. Lorsque son souffle se fit plus court par l'effort du ballet, elle se posa pour permettre à son cœur de se reposer et attrapa sa tasse de café fumante. Elle lui brulait les mains avec une douceur incompréhensible, elle lui faisait mal, mais qu'importait. Cela signifiait seulement qu'elle était vivante. « L'homme est un apprenti, la douleur est son maître, et nul ne se connait tant qu'il n'a pas souffert. » Alfred Musset. Oui. De cela alors elle se souvenait. Elle but une gorgée. Elle se sentait revivre même si le mot était alors un peu fort. Mais elle était sûre d'une chose, elle voulait vivre pour deux. Vivre ses choix et ses envies, mais toujours pour deux. Penser pour deux. Crier pour deux. Aimer pour deux. Embrasser pour deux. Faire l'amour pour deux. Elle souriait alors. Elle souriait comme elle n'avait jamais sourit. Et sur ses joues des larmes. Pleurant comme elle n'avait jamais pleuré. De la joie entremêlée de tendresse, d'un peu de tristesse, de nostalgie. D'un peu tout les sentiments humains après tout. De la colère, de la peur, de l'envie. Elle se laissait alors totalement embarquer dans cette envie de croire. De croire en l'avenir sans Lucas. Avec Lucas. De croire en ce qu'il voulait vraiment qu'elle fasse. Vivre. Oui c'était tout ce qu'il voulait, elle en était certaine, il voulait qu'elle vive. D'un grand geste, elle attrapa son manteau. Le posa sur ses épaules comme une cape protectrice. Et s'envola au dehors. Elle laissait alors ses pas la guider. Les bruits de la ville vinrent tinter dans ses oreilles. Ses pieds l'entraînaient avec ferveur vers la mer. Elle courait, et se fichait bien des regards qu'on lui jetait. Après tout, eux, savaient-ils ce que c'était de vivre ? Bientôt, elle abandonnait ses sandales. Le contact du sable contre ses pieds lui procurait une sensation indéfinissable. L'odeur de la mer. Le mélange d'eau salée et de vent nouveau. Le bruit des vagues, des remous. L'écume venant s'échouer contre les rochers en un fracas qui lui semblait alors pour la première fois mélodieux. Le cri des quelques mouettes. Un cri de liberté, peut-être ? Oui, c'était elles et seulement elles qui savaient ce qu'était vivre. Près du vent, du ciel. Survolant d'une hauteur mystique ces gens aux ailes brisées. Ses cheveux volaient et caressaient avec tendresse ses épaules. Ils volaient sans bruit comme un vol de renouveau. Elle volait. Elle touchait le ciel. Elle virevoltait aux côtés des nuages et des oiseaux. Elle croyait en elle. En lui. En ce qu'elle allait faire. - * - * -
Ses doigts traçaient des cercles dans le sable par automatisme. Le soleil tapait doucement sur son ventre dénudé. A sa droite, respirant posément sur une serviette rayée de jaune et orange, ses cheveux blonds un peu long formant une barrière utile contre le soleil, Lucas savourait cet instant de détente. Avait-il remarqué qu'elle s'était endormie ? Il semblait bien que non. Mais, il était là à ses côtés. Elle vivait. Il vivait. Ils vivaient. Un « Je » redevenant un « Nous ». Oui, seul cela comptait. Et bientôt, des larmes coulèrent sur ses joues. Mais cette fois là, elles n'étaient que de joie.
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:22 | |
| Le parfum de l'échappatoire. Peut-être envoyé à un concours pour théme : "Professeur fou". Besoin d'avis
Non. Non. Il fallait seulement qu'elle se calme. Elle était tout à fait capable de les canaliser, tout à fait capable. « Voulez vous bien vous taire ? » s'époumona Mina, mais les élèves n'en avaient que faire et continuaient leurs bavardages et leurs remarques effrontées. La classe devenait de plus en plus bruyante et se bousculaient dans son esprit les images qu'elle captait dans tous les coins de la pièce. Cette adolescente retournée et qui parlait tellement fort. Bataille de stylo. Des paroles qui traversaient la classe sans mégarde. Le balancement de cette chaise qui touchait presque le mur du bord de son dossier. Mina posa une main contre son front, le coude sur la table pour mieux se soutenir, et s'écroula dans son siège. Elle resta ainsi un long moment. Ils allaient bien finir par se la fermer, non ? Ils n'étaient tout de même pas si idiot et si irresponsable que cela. Mais non, le brouhaha ne cessa pas. Elle plongea son regard dans ce manuel de français que seuls quelques élèves en minorité avaient posé sur leur table. Elle ne se sentait même plus assez d'autorité pour continuer à faire cours normalement. Avec un pincement au cœur, un pincement cependant plus positif que négatif, elle observa certaines élèves se lever et demander à grands cris le silence. Une minute. Deux minutes. Dix minutes. Quinze minutes. Ils semblaient se lasser et enfin se turent partiellement. Mais ils avaient déjà perdu un quart, si ce n'est plus, du cours prévu. Elle se mit debout et toisa la classe. Puis, d'une voix assez mal assurée, elle s'écria : « Je croyais être en présence de gens responsables et qui souhaitent réussir, mais apparemment ce n'est pas le cas. Il va falloir vous calmer ! Sinon, vous n'allez jamais réussir au lycée où tout sera plus compliqué et où les libertés seront plus importantes, donc vous serez livré à vous... à vous même. ». Mais les troisièmes avaient déjà détourné quelque peu leur attention. Les troisièmes. Cette dernière division avant le lycée n'était même pas capable de se tenir correctement. Ceci était en vérité le première année de Mina en temps que professeur et ses méthodes étaient encore un peu maladroites. Ses méthodes surtout en terme de direction d'élèves dissipés, elle le savait mais il semblait qu'elle avait une certaine peur de s'interposer. Au début de cette année, elle s'était promis une autorité sévère et droite, mais on lui avait vite reproché son ton qui montait, apparemment, trop haut contre les élèves. Résultat, elle perdait toute confiance en sa sévérité et se laissait totalement dépasser. Bien sûr, les enfants en profitaient allègrement, même si ils ne se rendaient pas compte de se qu'ils faisaient pour eux, mais aussi pour le professeur. « Bien, alors comme je le disais, nous sommes aujourd'hui en étude de la langue. Et... » Le bruit recommençait. Son regard tomba sur une jeune fille brune au fond de la classe. « ERIN ! Si vous êtes venue ici pour rien faire vous pouvez retourner d'où vous venez même si apparemment vous n'y étiez pas bien ! Votre place y sera bien mieux que ici vu votre niveau ! » Cette phrase lui avait échappé et bientôt des contestations résonnaient dans la salle. Ladite Erin venait en effet d'un collège pour élèves en difficulté au niveau scolaire mais aussi du comportement. Elle l'avait quittée en quart d'année. Et il était assez compréhensible que cette phrase soit mal prise. Mina, se rendant compte de son erreur, commença à balbutier des mots inintelligibles pour bientôt se taire. Un coup d'œil discret vers sa montre. La sonnerie était seulement dans une vingtaine de minutes. Elle soupira et recommença à demander un silence qui ne viendrait pas, comme chaque fois. - * - * - La porte d'entrée claqua bruyamment. « C'est moi ! » Le bruit de clé habituel posées sur le buffet. Le froissement du manteau que l'on jette sur le canapé. L'odeur d'un parfum bien connu. Mina se retourna comme par automatisme et accueillit avec tendresse les lèvres de son époux. Pas un mot. Mais cela semblait lui suffire, après une année et demi de mariage, elle s'était offerte quelques habitudes qui lui plaisaient surement bien. Mariage qui, d'ailleurs, avait soulevé quelques protestations autant dans la famille de Mina que chez les Bertin. Rencontrés très jeunes lors de leurs années au lycée, il avait tout de suite semblé qu'ils ne pourraient jamais coller ensemble. Mina, élève sérieuse apprêtée à réussir. Et Antoine, le garçon blond un peu égocentrique, brillant malgré les apparences de cancre qu'il faisait passer dans ses attitudes et qui aimait à faire parler de lui. Allez donc savoir comment ceci avait fini en un mariage, alors que Mina n'avait que vents de mauvaises idées à l'égard du jeune Bertin et qui se disait le mépriser, sans vraiment le connaître il fallait le dire. Il semblerait que la nature soit un peu moqueuse. Assise au sol pour s'occuper de leur enfant unique, Mina commençait à avoir mal aux jambes. S'aidant du siège prêt de là elle se leva avec lenteur. « Chéri, tu veux bien t'occuper de ton fils, s'il te plait, le temps que je fasse le repas ? ». Aucune réponse. « Chéri ? » Une voix bougonne qui s'élevait de la chambre répondit : « Qu'est-ce qu'il y a ENCORE ? » La fatigue avait commencé à prendre emprise de l'esprit de Mina, déjà embrumé par ses nombreuses contrariétés du à son travail. Il ne fallait donc pas, en plus, qu'il s'y mette. « ENCORE ?! Tu te fous de moi ? J'suis crevée, merde ! Tu pourrais un peu m'aider, non ? » « Et moi, je suis pas crevé peut-être ? » s'écria Antoine tandis qu'il entrait en trainant le pas dans le salon et en enchaînant d'une voix moqueuse : « tu vas pas me dire que c'est ton p'tit job de prof qui te fatigue Mina... » La colère déformait à présent le visage fin de la jeune femme. Elle aurait voulu lui crier que oui, c'était fatiguant, que oui, les élèves étaient plus qu'insupportables, que son propre ego en prenait un coup énorme et qu'elle n'en pouvait plus, qu'elle n'était plus capable. Elle le regarda un instant s'effondrer dans la canapé. Il semblait tellement égoïste en ces moment là. Il ne pensait déjà plus qu'au programme qu'il pourrait visionner le soir même. Alors, d'une voix cassée, elle se contenta de souffler : « Tu me tapes sur le système, Antoine. Occupe toi de Joshua. » Et d'un bond, elle tourna les talons et se dirigea vers la cuisine. Les odeurs du repas bientôt emplissaient la pièce mais ce n'était pas à cela qu'elle pensait alors, ni même à la détestable attitude de son mari, non elle pensait seulement à son désarroi, à son dégout d'elle même. A sa peur aussi. Car, oui, elle était terrifiée. De quoi ? Peut-être de se rendre compte qu'elle était inapte à faire la seule chose qui lui avait vraiment dit quelque chose, le jour où elle dut faire un choix pour le reste de sa vie peut-être et de se retrouver ainsi les bras ballants et sans n'avoir aucune idée de qu'elle allait faire pour s'en sortir. - * - * - Son talon frappait nerveusement sur la barre de son fauteuil. Elle observait par son pare brise, un peu dans l'ombre dans sa petite voiture qui passait inaperçue, les élèves qui marchaient devant elle. Sortir. Elle devait sortir. Elle le devait. Mais elle n'arrivait pas. Elle ravala les larmes qui lui brulaient les yeux avec un hoquet peu élégant, mais elle s'en fichait, tout ce qui importait c'était ce qui se déroulait devant elle. Une entrée d'élèves habituelle. Habituelle. Tellement. Beaucoup trop. Ils riaient, s'offraient des bonjours d'adolescents rayonnants ou blasés. En tous, elle ne voyait plus que le démon de ses journées de travail. Celui qui lui donnait une envie folle de baisser les bras. Oui, ce petit diable qui la rendait folle. La peur, la colère, l'impuissance, la frustration. Professeur fou. On y voyait là un génie qui créait de par ses mains et son esprit des choses incroyables et alors, même si ses pensées étaient absurdes, et s'il paraissait tout à fait associable, il faisait quelque chose d'utile. Car en effet, Mina se sentait tout à fait inutile. Elle passait ses grilles blanches chaque matins pour finalement ne rien apprendre à des enfants qu'elle ne pouvait pas canaliser. Elle était folle, mais de sa folie à elle, sa folie insignifiante, vide. Elle avait envie de crier. Envie de tout plaquer. Envie de sortir et de hurler « Ras le bol de cette putain de vie ! Je vous laisse mon désespoir et ma perte, je m'en vais courir dans les plaines vertes pour assouvir ma quête du bonheur ! » Envie d'allumer son moteur. De jeter par la fenêtre son cartable de cuir. De voir ses feuilles frivoles s'envoler dans l'air pour dériver vers elle ne savait quel autre monde. Le non-être. Le vide. N'y était-elle pas déjà plongée après tout ? Mais bien évidemment, elle n'en fit rien. Pourquoi ? Pas les tripes. C'était aussi simple que cela. Elle pensait : « que ferais-je après ça ? ». Et bien sûr, elle n'en avait aucune idée. Il s'était avéré que pleurer ne lui était pas fructueux, elle voulait oublier le soupçon de désespoir qui embrasait ses pupilles. Elle inspira. Lorsqu'elle eut ouvert la portière et posé ses pieds sur le goudron, elle semblait se trouver dans un de ces mondes brumeux que s'abattait autour de nous lorsqu'on avait pleuré, ou qu'on en avait l'envie insupportable. Elle se donne un violent coup de bras sur ses paupières comme pour chasser les gouttes de ses yeux. Le temps passa dans le bruit habituel. Elle ressentait un vide dans son esprit et dans ses paroles et abandonnait bien plus vite qu'à l'accoutumé. Elle n'y croyait plus. C'était effroyable de penser cela, mais elle ne croyait plus en elle même. Mais alors plus du tout. Aux pauses des récréations, elle restait muette, le regard perdu. Les pensées perdues. Et lorsque la fin de la journée arriva, ce fut à peine si elle en fut soulagée ou même si une pointe de joie vint éclairer ses rêveries aux tons déprimants. Elle n'avait plus envie de crier, ni de pleurer. Seulement de s'évader. Alors, elle roula. Elle roula. Elle suivit sans réfléchir une route qu'elle ne connaissait pas. Mais elle roulait. Au moins, elle faisait quelque chose, c'était déjà cela... La radio offrait un petit fond qui lui donnait l'impression partagée de n'être pas seule ou peut-être de l'être encore plus. Elle roulait. Bientôt, elle ressentit une baisse de luminosité, et enfin elle fut plongée dans l'obscurité et seuls les phares des autres voitures et les lampadaires lui donnaient quelques lueurs nécessaires. Elle s'arrêta devant un petit hôtel sans distinctions particulières. Il était juste miteux. Mais c'était ici qu'elle voulait s'arrêter. Elle descendit. Le froid était saisissant et elle avait alors l'impression que plusieurs lames lui transperçaient successivement le corps. Elle se dirigea vers l'entrée. L'intérieur était tout aussi piètre que la façade. Une simple lampe éclairait tout le hall, posée sur un bureau où somnolait un homme à la barbe des cinq jours. Le cliquetis de la porte qui se ferme le fit sursauter. Il l'observa un instant. La regarda de haut en bas. Puis, à la demande de Mina, lui donna les clés d'une chambre. Misérable de même soit dit en passant, mais cela n'avait pas d'importance en cet instant. En vérité, plus grand chose n'avait d'importance. Pas même son fils et son mari qui devaient se faire un sang d'encre chez elle vu l'heure. Pas même son boulot auquel elle n'irait pas le lendemain. Rien. Rien. Rien à part qu'elle était ici, bien vivante. Du moins physiquement. Elle s'écroula sur le lit. Ferma ses paupières, ouvrit un peu plus son ouïe. Quelques bruits. Un sorte de grattement au dessus d'elle. Des coups contre le parquet qui se rapprochaient. Se rapprochaient. Encore et encore. Et soudain « BOOM ! ». Un pied qui tapait rageusement contre la porte colorée de graffitis de sa chambre. Elle se redressa. Et, sans même avoir peur de ce qu'elle allait trouver derrière, un assassin, un fou furieux, elle glissa la clé dans la serrure et poussa la porte. Une femme se dressait devant elle. Un sarouel blanc noirci par ce qu'elle décryptait comme des bouts de mégots, son tee-shirt arborant le fameux « Fuck » chéri par les élèves. Elle se surprit à penser 'les'. Le 'ses' possessif n'étaient plus présent désormais aux côtés du mot 'élèves', c'était une réalité qui lui décrocha un sourire, un sourire qui ne définissait pas la joie, mais quelque chose de bien plus profond. Entre les lèvres de l'inconnue se glissait une clope qui n'était pas, à en juger, garnie de tabac. Et puis ce rire. Un rire qui voulait dire « allez viens salope, t'as une tête qui m'dit bien. On va se fumer un joint peinard. ». La femme attrapa avec toute la douceur dont elle était capable le bras du professeur fou et lui intima le fait de la suivre. Alors, Mina ne se souvenait plus de grand chose. Seulement la fumée, et puis une plaine, une plaine d'herbe bien verte qui se tapissait devant elle. Le tout. Elle était heureuse, mais il était bien certain qu'il allait falloir s'extirper un jour de ce rêve éveillé pour revenir à la réalité. Sombre réalité qui allait lui paraître bien plus pénible qu'elle ne l'avait été plusieurs heures plus tôt. - * - * - C'était un jour d'automne. Les feuilles marrons des arbres étaient venues choir sur les pavés de la grand place. Sur la terrasse d'un petit café, on ne distinguait que quelques silhouettes. Et parmi toutes ces silhouettes, celle d'un homme. Une tasse fumante se trouvait près de sa main gauche. Dans l'autre, il tenait un petit journal. Son quotidien se résumait à cela, café, journal, boulot, télé, dodo. Presque aussi assommant que le « metro, boulot, dodo. » Et alors, il enviait la jeune femme affichée à la troisième pages du quotidien. Ses cheveux bruns tombaient, lisses comme la soie, sur ses épaules et encadrés avec justesse sa peau matte. Elle souriait. Elle souriait à pleine dent. On y décelait là un bonheur mais aussi une immense fierté. Et en dessous, comme légende on avait : « Le parfum de l'échappatoire, la fumée, l'ivresse, un bonheur éphémère qui n'est que tristesse si on le photographie dans un bon angle. » Mina Calloway, 38 ans, femme accomplie. Sociologue et écrivaine. Professeur fou.
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| | | Crystal-Ali'J
Messages : 503 Date d'inscription : 03/11/2010
| Sujet: Re: CRYSTAL-ALI'J :: Nouvelles. Lun 28 Fév - 23:26 | |
| La vérité. .
« Trois sortes de gens disent la vérité : les sots, les enfants et les ivrognes. » Il fallait s'y résigner. Elle le savait, l'avait compris, devait y croire. Croire ou agir ? Agir ou penser ? Crier ou rester muet ? Tout se ressemblait. Elle le savait. Elle l'avait vu, ce petit porteur d'innocence, un porteur de vérité, après tout c'était le proverbe qui le disait. Tapi dans le coin d'une ruelle, la saleté du temps était encore et toujours ancrée sur ses joues, mains et sous ses ongles. Il n'observait plus la vie avec envie mais avec défi. Il la défiait d'un regard pointu, borné, entendu. D'un regard porté sur les gens qui marchaient devant lui. Ceux qui ne le voyaient pas, parce que, tout simplement, ils ne le voulaient pas. Mais il s'en fichait bien, c'était presque s'il éprouvait une pointe de pitié pour eux. Eux qui ne savaient pas, et ne sauront peut-être jamais, ce qu'était la véritable misère, seule, qui se cache sous les ponts, dans le noir, dans la nuit. Hors des passants, la véritable misère, hors de ceux qui croient pouvoir connaître le bonheur. Non, ils ne le peuvent pas. Ne peuvent pas mesurer. Il faut connaître un extrême pour en ressentir l'autre. Cette femme qui posait talon devant l'autre, un portable à son oreille brillante d'une boucle, connaissait-elle simplement le stress, elle qui semblait le suggérer ? Connaissait-elle cette peur qui vous prend au ventre ? Ou même la peur d'une seule pensée, celle qui vous annonce que votre vie est foutue ? Et l'homme qui courait à en cracher ses poumons, pensait-il connaître la vie ? Avait-il posé ses pieds sur tous les sables, tous les continents, toutes les terres, avait-il nagé dans toute les mers, dans tous les océans, tous les fleuves ? Le petit garçon, lui, ne l'avait jamais fait. Il avait à peine vu plus loin que sa propre ville. Mais au moins il ouvrait grands les yeux, il ne les fermait jamais que pour s'endormir un instant. Pour rêver du monde. Était-il beau ? Il n'en avait aucune idée et savait ne pas pouvoir en juger à lui seul. Une seule chose était certaine, il s'efforçait jour après jour d'observer l'être à sa manière, décrypter toutes les facettes de l'esprit. C'était une chose qu'il avait appris pour passer le temps à vrai dire. Quand le moment des jeux dans les terrains vagues était terminé, il s'était tourné vers une solitude non appréciable. Alors, son nouveau jeu fut celui-ci, porter des mots sur la vie qui l'entourait. Il était vrai qu'il se mettait un peu à part de cette bulle de laboratoire mais par les autres il se disait pouvoir se voir lui aussi. Dans le contraire ou même dans le synonyme. Voyait-il tout ? Personne ne pouvait vraiment le savoir. Pas même lui. A cet instant même, alors que le garçon plantait ses yeux sur la main d'une enfant qui criait en tenant un ballon empli d'hélium, ceux-ci dérivaient vers une toute autre image. Une femme. Ses cheveux bruns étaient gras aux racines comme si on les avait enduit d'huile, sous ses yeux se dessinaient des cernes plus noires que bleues, elle jetait des regards incertains autour d'elle. Comme si elle avait peur d'une quelconque rencontre. Oui, cette femme là elle avait vraiment peur. Peur du soleil qui ne lui avait pas brulée la peau depuis longtemps, peur d'une parole, peur même de sa propre ombre. Et cette peur-là se traduisait par une tristesse dont elle ne voyait pas le bout. Un chagrin qui puise sa force dans le chagrin lui même et qui se ravitaille aussi d'un peu de colère. Contre elle même. Contre son corps, son esprit trop faible. Contre le monde. Contre ce putain d'homme qui lui faisait subir pareille tristesse. Une connerie. Le petit garçon l'avait compris. La connerie achève l'humain. C'est un vice même s'il n'y paraît pas, tout autant que l'alcool, la drogue, la tristesse, la haine. Il la rongeait ce vice. Et en cela, l'enfant lui trouvait un côté sympathique. Ou du moins, il n'éprouvait aucune rancœur contre une femme comme celle-là, aussi détruite par ses sentiments. Par son esprit lui même. Elle voulait crier mais n'en avait même plus la force. Tout plaquer ! Mais ne l'avait-elle pas déjà fait ? Par un simple regard appuyé, il attirait son attention. Non, elle ne l'ignorait pas. Elle n'en avait pas peur de lui au moins. Elle s'approchait doucement, lorsqu'elle aperçut le petit visage souillé du garçon qui relatait pourtant tellement de souvenir, elle peina à lui adresser un sourire. Il ne le savait pas cela avant qu'elle ne le fasse mais elle s'assit à ses côtés. Dans l'ombre. Ils étaient deux alors et c'était cela leur force, même si elle ne durerait pas éternellement. Le petit blond lui tendit sa main, la femme posa la sienne dessus. Ils s'étreignirent d'une poignée ainsi un instant comme un « enchanté » ou un « c'est sur, je t'ai toujours connu », peut-être même aucun des deux après tout. Les yeux de l'enfant pétillaient, ceux de la femme se ravivaient. Ils y croyaient alors. A la vie. Ils croyaient en un avenir qui ne viendrait peut-être pas. Mais seul le fait d'y croire comptait. Juste ça. Comme un rêve innocent, un rêve d'enfant, mais un rêve quand même. Pas un pleur. Peut-être de la joie, qui sait ? Le garçon murmurait : « La vérité s'apprend avec le temps. La vérité sort de la bouche des enfants. La vérité... La vérité... » Il chantonnait. Elle lui sourit alors plein d'éclat. Se leva. Lui offrit tendrement un baiser sur le front, coiffa ses cheveux d'une façon plus acceptable même si le but n'était pas là. Se faire accepter. Elle trouver cela alors risible en ce moment-là. On ne s'acceptait que soit même. Le reste n'avait pas d'importance. Puis, elle reprit : « la vérité, la vérité... » et s'en alla d'une démarche sautillante, presque bondissante. Enfin, elle se stoppa net, elle ne savait pas où elle était, elle s'en fichait, non seul l'instant comptait, elle leva les yeux au ciel, tourna comme pour mimer une danse et cria : « La Vérité ! La vérité sort de la bouche des enfants ! ».
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