Noël. Ce petit mot qui provoque une multitude de pensées en vous. Là, tout de suite, si je vous demande à quoi vous pensez à la simple évocation de ce mot vous allez commencer par parler de cadeaux. Oui, de cadeaux, car vous êtes imbus de votre personne et que vous aimez recevoir des présents. Ceux qui sont là pour vous faire plaisir, vos proches tant aimés vous les offre et vous en profitez, mais qui dit Noël dit cadeau pour tous également, c’est comme ça que ça fonctionne, c’est l’esprit de Noël, il parait. Ensuite, vous penserez à sapin, celui de la chanson, mais également celui qui se trouve chez vous. Celui qui accueillera vos cadeaux, les bras ouverts, ou encore celui que vous décorerez avec plaisir et motivation, seul ou encore accompagné de ceux que vous aimez, c’est bien lui, votre sapin de Noël. Certains penseront encore aux nombreux dîners en famille, d’autres penseront aux fêtes qui suit. Moi ? Ce n’est pas à quoi je pense directement, Noël n’est pas un jour comme les autres pour tout le monde, mais ce qui est sûr, c’est que pour moi, ce fut un jour unique.

Le marché de Noël, c’est là qu’elle se rendait. Elle n’habitait pas une grande ville, mais comme beaucoup, le marché de Noël était important et il fallait y être, c’était une sorte de tradition. Tradition à respecter. Elle marchait donc dans les ruelles, emmitouflée dans son grand manteau couleur beige, assorti à son bonnet et son écharpe de laine. C’était de circonstance, car il était prévu de la neige dans les environs de minuit. Il faisait déjà nuit, résultat de l’heure d’hiver, sans aucun doute. Elle marchait donc, à regarder les vitrines, toutes décorées de ces lumières flamboyantes provenant de toutes parts. Le rouge, le blanc et le vert étaient au rendez-vous, prêts à être exposés devant tous les yeux qui se risqueraient à regarder en leur direction. C’était beau, chaque enfant s’émerveillait devant tant de fantaisie. Elle, elle continuait sa route, voulant juste passer faire un tour, se montrer devant le plus de monde possible, pour ensuite filer chez elle. S’attarder ici ? Il n’en était pas question, l’envie n’était pas là, et sans cette fameuse envie, c’était perdu d’avance. Continuant sa route, elle remarqua beaucoup de personnes qu’elle connaissait, mais elle ne s’arrêta pas. Ca faisait des mois qu’elle ne les avait pas vus, mais quelle importance maintenant ? Un jour de plus ne changerait vraiment rien à la situation du moment n’est-ce pas ?

Le moment de partir arrivait, et après une bonne heure de marche à arpenter les rues, elle se dit qu’il était temps mais évidemment, ça ne se passa pas comme cela car elle vit ses yeux. Des yeux qu’elle aimait autant qu’elle haïssait. Ce noir, parfait, telle l’encre qui provoquée un sentiment étrange. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? Elle ne savait pas, mais en tout cas, il était là, à l’observer dans son coin. Aller le voir ou partir ? Telle était la question du moment. Elle ne se fit pas attendre et marcha d’un pas décidé vers son nouvel interlocuteur. Il la regardait venir, ne bougeant pas, paraissant ne pas savoir quoi faire. Arrivée à environ deux mètres de lui, elle se stoppa net, puis pointa son regard dans le sien, attendant qu’il commence sinon, elle le ferait, sans attendre.

- Content de te voir.

- Qu’est-ce que tu fais encore ici ?

- Je me promène quoi d’autre ? C’est Noël et je n’aurais manqué ça pour rien au monde voyons.

- Ne me prends pas pour ce que je ne suis pas.

- Serais-tu à cran ? Je t’ai si manqué que ça ? Il fallait le dire je serai revenu, cela ne fais pourtant que … Quelques mois.

- Que tu peux être stupide, regarde-moi bien, j’ai l’air ravie de te voir ?

- Je dirais même épanouie, de mon point de vue en tout cas.

- C’est ça, je n’ai pas de temps à perdre, je m’en vais … Loin de toi.

Elle n’attendit pas de réponse et tourna les talons. Elle n’aurait pas dû venir se confronter à lui. Ce n’était qu’un mur, et un mur n’éprouvait aucun sentiment, ce n’était que des briques contre lesquelles on pouvait se heurter sans relâche. Il le lui avait bien démontré et cela lui suffisait amplement. Faisant claquer ses talons sur les pavés des rues, elle se dépêchait de rejoindre son cocon à elle, loin de ce qu’elle fuyait : La réalité. Mais évidemment, rien ne se passe jamais comme prévu, et il la suivait, juste à côté, aussi près qu’elle le sentait clairement et qu’elle s’arrêta une nouvelle fois.

- Ne dis rien, laisse-moi commencer. Apparemment, tu as quelque chose contre moi …

- Vraiment ? Comment tu peux voir cela ?

- Ne dis rien je t’ai demandé, mais comme toujours ça passe dans une oreille et ça sort de l’autre. Je ne sais pas pourquoi tu réagis comme cela, je suis parti parce que tu me l’as demandé, puis j’ai reçu tous ces appels de détresse qui racontaient tous la même chose : Tu n’allais pas bien, alors je suis revenu, pensant que tu me recevrais correctement, que tout allait s’arranger, mais rien, nada. Tu me vois et tu t’empresses de partir. Vas-tu enfin m’expliquer ce que j’ai fait ou me laisser en plan une nouvelle fois sans aucune explication ?

Pour guise de réponse, Calliope baissa les yeux et reprit sa marche en direction de son foyer. Elle se dépêchait comme elle le pouvait munie de ses talons hauts. Pourquoi avait-il fallu qu’il se pointe aujourd’hui, le jour de Noël, le jour où elle avait pris la décision de reprendre sa vie en main et d’arrêter de se morfondre sur son cœur meurtri ? Elle courrait presque, loin de cet être sans sentiment, loin de cet être qu’elle haïssait, loin de cet être qui possèderait son cœur à jamais.