Le néant.
Premier jour.Un, deux, trois…
Je compte les carreaux au plafond. Si blancs, si neutres, si insignifiants. Je regarde autour de moi. Un miroir me renvoie l’image d’une fille. Banale. Ni plus belle ni plus moche que les autres. Qui passerait inaperçue au milieu d’une foule. Elle deviendrait invisible si l’on ne lui accordait pas son importance. Un air inquisiteur se lit sur son visage. Elle ne se pose qu’une seule question : qui est-elle ?
Quatre, cinq, six…
Du bruit attire mon attention et je tourne la tête vers la droite. Une femme entre deux âges se tient sur le pas de la porte. Elle hésite à entrer, c’est flagrant. Je la regarde bien droit dans les yeux, elle est troublée et examine la table de nuit sous toutes les coutures, comme si elle pouvait lui être d’une quelconque aide. Suis-je à ce point terrifiante ? Si tel est le cas, je ne m’en étais pas rendue compte. Sinon, c’est bien imité.
Elle s’approche à pas lents, très lents de mon lit et s’assoit sur une chaise à côté. De très légères ridules apparaissent alors qu’elle me sourit. Mais son sourire sonne faux et rictus serait le terme plus approprié pour désigner sa grimace. Dans ses prunelles je peux aisément distinguer une réticence qui m’affole. Je ne comprends pas où je suis, je ne sais plus qui je suis, et c’est à elle d’être craintive ? C’est injuste.
Elle me prend la main. Si la mienne tremble, l’inconnue, elle, parvient à contenir ses craintes et ses doigts ne sont pas fébriles. Avec son pouce, elle me caresse un peu maladroitement. Ce nouveau contact m’apaise légèrement pourtant ma respiration est toujours haletante et je sens toujours cette fine couche de sueur dans mon dos. J’inspire profondément et j’avale ma salive. Je suis prête à parler avec elle. Mon cœur battant à cent à l’heure contraste pourtant avec mon attitude posée.
Elle dit s’appeler Albane et elle est là pour m’aider. Je l’observe un moment sans comprendre. Est-il vraiment nécessaire que je sois épaulée ? « Je suis perdue » lui dis-je. Et elle me répond que c’est normal. Une boule s’est formée dans ma gorge, je vis dans le néant ; l’incompréhension est ma seule compagnie. Pourquoi la pièce entière est-elle blanche ? Pourquoi suis-je allongée ? Pourquoi n’y a-t-il que cette femme à mes côtés ? Les pourquoi s’entrechoquent dans mon esprit sans que je puisse les en empêcher et je laisse échapper quelques larmes de rage et d’impuissance.
Albane reste là sans bouger, à regarder nos doigts entrelacés. Je ne veux pas qu’elle ait pitié de moi. Je suis assez forte pour me débrouiller toute seule, elle peut partir. Elle fronce les sourcils. Oh, j’ai peut-être formulé cette requête à voix haute…
« Sais-tu seulement comment tu t’appelles ? »
J’écarquille les yeux tout en m’apprêtant à lui rire au nez ; soudain je me la pose, cette question fatidique. Une sensation étrange s’empare de tout mon être et les secondes s’arrêtent un instant de défiler. Je n’ai aucune idée de mon prénom. Je ne sais pas qui je suis. Je baisse honteusement la tête et des perles salées envahissent de nouveau mon visage. Albane me tapote maladroitement le bras. Je m’endors quelques temps plus tard avec les joues encore mouillées, et le sentiment d’avoir échoué.
Deuxième jour.
C’est un halo de lumière qui me réveille ce matin. Je mange sans chercher à savoir si c’est bon et j’ai tout englouti en moins de cinq minutes. Je me rends compte une fois que j’ai terminé de petit-déjeuner qu’en réalité je n’avais pas faim. Je contemple mon plateau vide et je me maudis tout en prenant conscience de ma boulimie. J’essuie maladroitement ma bouche à l’aide de ma manche, n’ayant même pas pensé à utiliser ma serviette. Je souris tristement en me disant que j’ai tout à réapprendre.
J’ai attendu Albane toute la journée et elle n’est pas venue. Peut-être qu’elle a eu peur. Que la précédente journée passée avec moi l’a effrayée. Je ne sais pas. En réalité j’ignore tout de ce qui se déroule autour de moi. Ma tête fourmille de tant d’interrogations que j’ai cessé de vouloir leur trouver une réponse rationnelle.
Une dame vêtue tout de blanc arrive pour me demander si tout va bien. Je ne prends même pas la peine de lui répondre, je ne la connais pas. Je ne désire la visite que d’une seule personne : Albane. Et même si ses questions me dérangent, si ses manières m’agacent, si son attitude m’interpelle, il n’y a qu’elle qui puisse m’attendrir. Et puis, personne d’autre ne vient me voir alors je n’ai pas un regard très objectif sur la situation. Pourtant, bien que je sois encore fragile, je sens qu’Albane est quelqu’un de fiable. De rassurant. De sécurisant. Je veux m’accrocher de toutes mes forces à cette femme qui m’est encore quelque peu étrangère. Je veux prendre mes repères, mes appuis sur elle. Je veux qu’elle me voie évoluer, progresser, avancer au fil du temps.
Mais peut-être que j’en demande trop.
Je m’endors, exténuée, avec un seul espoir : que le lendemain, Albane vienne me rendre visite.
Des jours ou peut-être des semaines après, voire des mois.J’attends, encore et encore, allongée sur ce lit, les yeux fixés sur cette horloge de malheur. J’ai perdu la notion du temps, que je n’ai peut-être finalement jamais acquise.
J’essaie de me remémorer des choses toutes simples. Trop simples. Mais apparemment pas assez pour que je m’en souvienne. Intérieurement, mon cœur est en miettes. Je suis lasse de tenter de me battre pour une cause que je sais perdue d’avance. Néanmoins aux yeux du monde, je dois être forte afin de prouver que malgré l’accident je demeure la même. L’accident ? Mais quel accident bon sang ? Depuis mon réveil je me suis persuadée que j’ai échappé à une terrible collision entre deux véhicules ou même à un incendie qui aurait fait maints ravages… Pourtant, à la réflexion, c’est absolument impensable que je sois une rescapée miraculeuse, car si un prodige avait eu lieu, aujourd’hui je ne serais pas cloîtrée dans une pièce si pâle qu’elle en devient déprimante. Non, à la place je serais entourée de ma famille et de mes amis. On en a cependant décidé autrement, là-haut.
Plus tard, je sombre dans un inconscient quelque peu troublant, où certaines images m’apparaissent avec peu de clarté. Je vois le visage d’un jeune homme. Brun. Assez grand et bien bâti. Mais rien de plus. Je me réveille avec les mains crispées sur le drap blanc, comme si j’avais voulu me défendre, me défaire de quelqu’un ou quelque chose. Un réveil est posé sur la table de nuit et je considère attentivement les minutes qui défilent. Puis, les heures. Les carreaux ont visiblement cessé de retenir mon regard.
En définitive, Albane n’est pas revenue tout de suite. Elle avait préféré attendre. C’est ce qu’elle m’explique aujourd’hui, assise sur la même chaise qu’à la première visite. Se rend-elle compte à quel point j’ai attendu sa venue ? Non, je crois qu’elle ne peut saisir l’ampleur de mon espérance. Pourtant, si elle est à mes côtés, il y a bien une raison. J’ai droit à quelques explications.
« Ecoute petite, je ne vais pas te mentir. A notre époque les gens préfèrent le mensonge à la franchise mais je ne suis pas comme eux. Je vais peut-être te paraître un peu brutale mais il vaut mieux pour toi que tu comprennes quelle est ton histoire. »
Je retiens mon souffle. Le comportement d’Albane est radicalement différent de la dernière fois. Je ne retrouve plus la bienveillance qui émanait d’elle, lors de la précédente conversation. Cependant je n’ai pas d’autre choix hormis celui de l’écouter.
« Tu n’ignores pas que tu as un problème. Assez contraignant. Tu ne te souviens en rien de ta vie d’antan… Et tu aimerais savoir j’imagine. Je suis là pour t’aider. Je peux te dire que tu t’appelles Eden. Tu as à peine la majorité : tu es encore jeune, très jeune. Tu as un petit frère, Flavien, de seize ans. Si tu n’as aucun souvenir… cela s’explique. On appelle ça l’amnésie. »
L’amnésie. Ce mot nouveau flotte dans ma tête. Il est à l’origine de ce vide que je ressens en permanence. Je voudrais me raccrocher à quelqu’un de sûr. Quelqu’un à qui j’accorderais ma totale confiance. J’aurais voulu croire en Albane mais aujourd’hui, ce lien invisible entre nous s’est abîmé. Peut-être était-il trop ténu. Je pose mon regard gris-bleu sur le visage de cette femme. Quelque chose se brise en moi. Elle est comme porteuse d’une mauvaise nouvelle… Et malgré tout, je ne parviens pas à lui en vouloir. C’est moi qui suis malade. Malade. Non je n’ai pas une mauvaise grippe, ce serait trop simple. Anormale, serait-ce un mot pour me qualifier ?
Je me mords la lèvre. Encore des questions. Cette routine monotone ne cessera-t-elle jamais ?
J’ai délibérément tourné la tête vers la fenêtre. Je ne veux plus voir les yeux faussement compatissants d’Albane. Je n’ai décidément plus besoin de sa pitié. Sous ses airs conciliants, se cache peut-être une personne vile et fourbe. Je ne sais pas. Je ne sais plus.
« Eden ? »
Je ne réponds pas. Je sens alors une larme couler sur ma joue droite. En solitaire. Je l’essuie d’un revers de manche, je ne veux pas qu’elle me voie dans cet état. J’ai l’impression de passer mon temps à pleurer…
Le regard d’Albane est sur moi. Je le sens. Je renifle avec peu d’élégance et mon nez est dégoulinant, mais qu’importe, je ne cherche pas à obtenir le premier prix de beauté.
« Laisse-moi seule.
- Ecoute-moi encore cinq petites minutes. C’est primordial. »
Comment ne pas céder ? Désemparée, je plonge mes yeux dans les siens. Je hoche la tête d’une manière pourtant peu convaincante.
« Te demander pourquoi tu n’as plus aucun souvenir est logique. On s’inquiéterait si ce n’était pas le cas. Mais… il y a un souci. Assez inhabituel, je l’avoue, cependant il est bien réel. »
Elle fait une pause, comme pour donner plus d’impact à sa révélation. Peut-être trop théâtrale, mais l’effet recherché est réussi. Les battements de mon cœur se sont accélérés et ma respiration est plus saccadée. Au final, j’avais peut-être raison, je suis sans doute une miraculée. Ou pas.
« Tu as eu un accident de voiture. Mais dans ton histoire, il y a une énigme : on ne sait qui était au volant ce soir-là. On a retrouvé une veste sur le siège du conducteur et toi, tu as été projetée à travers le pare-brise, quelques mètres plus loin. La porte avant-gauche a été ouverte après le choc, ce qui signifie que quelqu’un s’est enfui. De toute évidence, cet accident a été provoqué intentionnellement. Il s’agit donc d’une affaire criminelle. On ne connaît pas l’identité de l’individu, je te l’avoue, mais les détectives se démènent et finiront par le trouver. Je te le promets. »
Le choc est rude. Beaucoup d’informations à prendre en compte. Mon souffle s’accélère et mon regard se perd dans le vague. Des détectives… on se croirait presque dans un mauvais polar. Et qui endosserait le rôle du coupable ?
Quelques jours plus tard.Aujourd’hui, il paraît que c’est une journée particulière. Pour la première fois depuis ma venue dans ce lieu, ma famille vient me rejoindre. Je devrais m’en réjouir mais la boule désagréable formée dans ma gorge me l’empêche. Le dilemme auquel je suis confrontée est difficilement concevable. J’éprouve une envie démesurée de découvrir à nouveau mes proches… mais avant, j’aurais voulu connaître plus de bribes de mon passé. Trouver une explication rationnelle au mystère. Ces derniers jours, j’ai peu dormi ; je réfléchissais. Un gigantesque point d’interrogation perdure pourtant dans mon esprit embrumé à cause d’un manque de sommeil…
Toc toc toc.
Je me tais.
Toc. Toc. Toc.
Ma bouche reste serrée.
Toc ?
J’avale avec difficulté.
« Oui… »
Puis, je vois leur visage. Je ne parviens pas à déchiffrer leurs expressions. Ma mère se précipite dans mes bras et me serre fort contre elle en m’appelant sans cesse chérie. Mon père se tient un peu en retrait, pour nous donner un peu d’intimité je pense. Mais la pièce est réduite alors le mot intimité est exagéré. Mon frère, Flavien, m’intrigue. Son attitude est trop rigide, elle m’intimide vraiment. Je déglutis alors qu’il vérifie que je n’ai pas changé –enfin je pense. S’il savait… Une fois que maman m’a lâchée, mon cadet entoure de ses bras mon corps fluet. Nous restons un long moment enlacés et je vois une larme scintiller dans les yeux de mon père. Ce dernier détourne son regard, comme s’il voulait demeurer viril…
Ils sont restés l’après-midi entière et j’ai appris de nombreuses choses sur moi. Et plus particulièrement sur l’accident. Aucune trace de freinage n’a été retrouvée. Aucune trace de choc remarquée sur mon véhicule. Personne en face donc. Oui mais… j’avais mon permis en poche depuis seulement trois mois. La question qui subsiste est : aurais-je pu commettre une erreur à cause de mon incompétence ?
Non. La réponse est non. La route que je suivais, je la connaissais. Par cœur. Il s’avère que je la prenais souvent, même, pour aller voir Nathan. Nathan ? Ah oui, mon petit-ami. Ce mot provoque un drôle d’effet quand je le prononce… Mais quand mes parents m’ont parlé de lui, une drôle de lueur brillait dans chacune de leurs prunelles ; pourtant je n’ai pas su l’interpréter.
Le lendemain.Aujourd’hui, mon frère revient seul, afin que nous ayons une conversation sérieuse, paraît-il. Il me fait une rapide bise et me prend un instant contre lui. Puis, il se met à parler, et ne peut plus s’arrêter.
« J’ai eu si peur, je crois que tu ne peux pas t’imaginer ! J’étais en cours quand on est venu me chercher. Papa était dans le couloir et on nous a laissé le bureau pour parler. C’est là qu’il m’a tout expliqué… Je suis vraiment soulagé de pouvoir enfin te reparler… »
Je souris à mon frère et pour la première fois depuis mon réveil, je me sens pleinement heureuse. Cette sensation nouvelle me procure un bien indescriptible.
« Mais je voudrais savoir juste une chose. Essaie de faire un effort pour te souvenir. Pour moi, s’il te plaît. Que s’est-il passé au juste ce jour-là ? Qui conduisait ? Tu étais seule dans la voiture ? Moi je suis persuadée que Nathan était au volant…
- Tu te trompes, Flavien.
- Pardon ?
- Ce n’était pas Nathan.
- Comment tu peux le savoir Eden ? Mais réfléchis, pourquoi tu te souviendrais de ça précisément, dis-moi, hein, ce serait…
- Je venais de rompre avec lui.
- Tu… Tu venais de… rompre ?
- Oui. »
Flavien reste un moment ébahi, les yeux écartés et la bouche grande ouverte. Malgré ma mémoire défectueuse, c’est le seul souvenir qui m’est revenu de ma vie d’autrefois.
« Ah alors, c’est une tout autre histoire je crois. Explique-moi pourquoi tu avais pris cette route, ce jour-là, précisément, alors que tu avais rompu avec lui ?
- Je ne sais pas, Flavien.
- Pardonne-moi… »
Je ne réponds rien et préfère ne pas revenir sur le sujet.
Quelques jours plus tard.Le mystère qui plane au-dessus de mon accident s’intensifie de jour en jour et personne ne trouve d’explication cohérente. J’aurais voulu être en compagnie de Nathan, ne serait-ce que pour éclaircir certains points de notre histoire –qui appartient désormais au passé. J’ai réellement besoin de sa présence pour reconstruire le puzzle de mon ancienne vie. Sans son aide, une des pièces les plus importantes restera à jamais manquante. Mon père a pourtant osé lui téléphoner et a insisté pour qu’il vienne à mon chevet. Mais les choses restent inchangées : Nathan refuse toujours de me faciliter la tâche.
Les jours défilent et se ressemblent. Pas un plus fructueux qu’un autre. Une sorte de routine lassante s’est mise en place et même si elle me déplaît, je me dois de l’accepter. Les mêmes personnes viennent me voir les mêmes jours et elles repartent aux mêmes horaires.
Aujourd’hui pourtant, cette habitude s’est brisée.
Cette après-midi, je vois enfin le visage de Nathan. Certes, trahissant sa crainte de me voir, mais tant qu’il est là, n’importe quelle expression me convient. Son comportement est semblable à celui qu’Albane a adopté au départ ; je ne peux lui en tenir rigueur. Il est beau, bien plus que dans mes souvenirs, et charismatique à souhaits : il m’impressionne quelque peu mais je ne lui montre pas.
« Salut Eden… »
Je hoche la tête pour lui répondre, puis il entame enfin la conversation.
« Je ne suis ici que pour t’aider, retiens-le bien. Je suis vraiment désolé de toute cette histoire qui t’arrive et malgré notre rupture, je t’apprécie encore en tant qu’amie. Mais je ne pourrai te soutenir éternellement. »
Je regarde cet homme qui me parle comme à une demeurée. Tout en lui traduit sa désapprobation de la situation. Merci, j’ai compris qu’il ne pourra pas rester à mes côtés, mais serait-ce trop de lui demander un peu d’affabilité ?
« Ce jour-là, j’étais parti en ville la journée et je… »
Toc toc toc.
Je feins de ne pas entendre les coups frappés à la porte.
Toc toc toc.
« Entrez ! » Lance-je d’un ton excédé.
Je vois alors apparaître Albane. J’allais enfin découvrir toute la vérité… Et sa venue interrompt les révélations de Nathan. Je ferme les yeux et je tente d’ignorer la course folle que les battements de mon cœur sont en train d’effectuer. J’invite Albane à venir s’asseoir sur le lit et elle obtempère, sans un mot. J’aurais voulu être seule avec Nathan mais Albane semble décidée à ne pas partir et lui continue sur sa lancée.
« Je ne suis revenu chez moi qu’à la tombée de la nuit. Il était environ 20 heures. »
Je me fige. Les urgences ont été prévenues à 20h10 par quelqu’un. Par un inconnu paraît-il. Qui ne s’est pas présenté. Qui a raccroché juste après avoir annoncé l’accident. Nathan, Nathan… Qu’as-tu à te reprocher, réellement ?
« Mais je suis arrivé trop tard. Ton corps ensanglanté gisait un peu plus loin et je ne voulais pas le voir. J’ai ouvert la portière pour arrêter le contact. J’étais tellement perturbé que j’y ai laissé ma veste. Je suis ressorti pour appeler les urgences.
- Ce vêtement t’appartenait alors…
- Oui. Ta voiture était déjà enfoncée de tous les côtés et toi, tu étais dans un état critique mais…
- Je le sais ça Nathan, je le sais ! Je ne demande qu’une seule chose, qui était dans la voiture avec moi ce jour-là ? Qui conduisait ? Est-ce que tu m’as menti depuis le début en essayant de te protéger parce que c’était toi le conducteur ? Qui a voulu me tuer ? Mais dis-le moi, tu le sais, j’en suis sûre, puisque tu es le premier à m’avoir trouvée ! DIS-LE MOI NATHAN ! DIS-MOI QUI CONDUISAIT ET QUI A VOULU ME TUER ? »
Quelques secondes interminables s’écoulent et la réponse tombe. Impitoyable.
« La personne qui a souhaité ta mort et qui t’a précipitée dans le ravin, c’était toi, Eden... »