Endless Messages : 6Date d'inscription : 16/08/2011Age : 28 Sujet: •• Endless. Mar 16 Aoû - 22:40 ENDLESS Nous ne sommes que détails.
© nerdynotdirty.deviantart.com Tout d'abord ~
¥ Pseudo / Surnom / Prénom : Endless¥ Âge : 16 ans¥ Localisation : France¥ Groupe désiré : Plume Passionnée.
Tes Écrits ~
Je ne suis pas sur le bon ordi, je n'ai donc pas tous mes textes. Je ne voulais pas mettre de rp, mais pour vous donner quelques petites choses à lire, voici quelques minuscules passage que j'aime, et puis une nouvelle pour finir. Le reste, je vous le réserve pour plus tard ! (:
Spoiler: Deux yeux de félin d'un bleu lumineux ressortaient, intrigants et fascinants. Un bleu pur, absolu, unanime. Des yeux opalins et brillants, presque blancs, cerclés de noir. De longues zébrures remontaient sur sa tête, décrivaient une courbe harmonieuse qui suivait la ligne de sa mâchoire avant de s'arrêter en s'amincissant à côté de ses yeux. L'ensemble lui faisait une sorte de masque aux motifs semblables à ceux des ailes de papillons.
Spoiler: Ellyra remonta sur son nez sa grosse écharpe de laine et cligna plusieurs fois des yeux. Devant elle, un infini désert blanc et scintillant s’étendait tout le long de la banquise. Le vent était tombé et le silence couvrait toute l’étendue immaculée. Seul le bruit de ses pas dans la neige se répercutait entre les dunes. Ellyra enfonça ses mains encore plus profondément dans ses poches pour se protéger vainement du froid qui se faufilait même au travers des mailles de son pull jusqu’à sa peau. Ellyra porta son regard émeraude vers l’océan. Ce fut comme si quelque chose d’inconnu s’éveillait, endormie depuis trop longtemps, comme si on avait ouvert une porte en elle et qu’une puissance mystérieuse déferlait dans ses veines. Ses jambes se mirent à trembler, pas à cause de la fraîcheur mais de la force qui s’était emparée d’elle. Chaque cellule de son corps bouillonnait. Ellyra résista mais c’était un combat perdu d’avance. ~ Ellyra ouvrit lentement les yeux. Elle flottait, en apesanteur dans un monde où elle semblait minuscule, invisible, inexistante. Autour d’elle, il n’y avait qu’un océan de noir constellé de petites lumières scintillantes. Quelques unes s’éteignaient au bout d’une poignée seconde puis de nouvelles prenaient le relais dans un éclat de poussières chatoyantes. On aurait dit une immense toile marine sur laquelle on aurait peint, avec des pinceaux différents, de petites touches argentées. Ellyra éprouvait une étrange chaleur dans la poitrine, comme si une flamme s’y était allumée. La jeune fille regarda ses mains étrangement transparentes. Elles dégageaient un halo lumineux dans l’obscurité et Ellyra se rendit rapidement compte que tout son corps brillait. Elle était devenue une étoile. Cette pensée lui sembla aussi farfelue qu’improbable. - Dites, c’est ici, le Paradis ? murmura-t-elle aux étoiles. Sa voix n’était qu’un souffle et les mots se perdirent dans la nuit. Les étoiles restèrent totalement immobiles et muettes. Seule la lune lui adressa un mince sourire puis, une à une, les étoiles s’éteignirent et Ellyra cessa lentement de briller. Tout devint alors uniformément noir.
Spoiler: Extraits d'Angel Dust, nouvelle sur la drogue, d'après la chanson homonyme du groupe Aaron, mais je ne l'aime plus tellement, je ne lui trouve aucun sens. Il y a de grands oiseaux noirs qui tourbillonnent dans le ciel. Ils errent sans but dans l’océan gris, perdus. Parfois ils se posent à la cime d’un bouleau squelettique puis reprennent leur ronde incessante. Il y a trop de noirceur dans leur âme, trop d’horreur dans leurs yeux écarquillés, trop d’animosité dans leur mouvements. Ils déchirent les corps et les chairs ; ils attendent, sombres et funestes silhouettes perchées là-haut, leur œil cruel fixé sur leur proie. Leur ombre se découpe sur la toile sans couleurs du ciel et ils se mettent à chanter leur effroyable requiem, déchirant l’air, perçant les tympans… ~ Elle se sent devenir poussière. Ses ailes blanches sont devenues ténèbres. Elle glisse, sa tête bascule en arrière. Elle s’écroule. Le sol est froid, le sang qui perle sur son nez bouillonne. Elle ne sait même plus si ce sont des larmes qui inondent ses joues. Ses cheveux blonds tombent devant son visage, sa tête est posée sur son bras tombant devant elle. Une dernière perle de sang roule sur sa peau en laissant une trace cinabre, telle une ultime caresse. Elle dévale sur long de sa main, s’écrase sur la terre sèche et fumante. La tache rouge s’étend lentement…
Spoiler: Il n'était pas grand ; il devait avoir une dizaine d'année tout au plus. Pourtant, quelque chose dans ses yeux bleus lui donnait beaucoup plus de maturité. C'était à la fois de la provocation et de la mélancolie, de la colère et de la peur ; un étrange mélange de tous ses sentiments qui donnait ce regard piquant et froid. Le blondinet avait détourné la tête comme pour ne pas avoir à croiser le visage de Mélusine. Elle l'attrapa par l'épaule pour le retenir et au moins s'excuser. ~ Ca avait duré une seconde. Le temps d’une main sur une épaule, le temps de deux regards qui se croisent. Les yeux sont le miroir de l’âme. Il y avait tant de détresse dans les yeux du garçon, tant d’horreur et de haine que Mélusine eut un mouvement de recul. Il avait un regard si différent, si effrayant et fragile à la fois. L’instant même où leurs regards se rencontrèrent, une vague de pensée submergea Mélusine, si puissante qu’elle perdit pied. Elle eut l’impression de couler, de s’enfoncer dans un monde qu’elle ne connaissait pas. L’oxygène commença à lui manquer.
Spoiler: Elliot, c'est inspiré du film Billy Elliot, merveilleux. J'ai écrit ça il y a longtemps, reprise il y a quelques mois. Je suis contente de certains passages, d'autres beaucoup moins. Étrangement, au contraire de tous mes autres textes, j'ai envie d'améliorer cette nouvelles jusqu'à ce qu'elle soit parfaite. « La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie ; c'est la vie elle-même. » Henry Havelock EllisVingt-trois mai, Gymnase du Parc Baudelaire, 19h10. - Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept et huit et … un, deux, trois, Elliot, tiens-toi droit ! Six, sept et huit. Okay, c’est bien, on termine là-dessus. On reprend demain et puis après ce sera repos jusqu’aux sélections mais n’oubliez pas vos étirements tous les jours. Lucette s’arrête de jouer et le grand gymnase redevient silencieux. Les dernières notes s’envolent vers le grand plafond, rebondissent contre les miroirs qui bordent les murs avant de s’évanouir dans l'air, imperceptibles. Le silence, parfois, c’est bien. Beau. On n’a pas besoin de parler pour se justifier, on se regarde juste, et on se sent mieux. Je bascule la tête sur le côté, perplexe. Mon reflet me dévisage dans le miroir, troublant. J’ai des jambes toutes minces, fines et élancées contrairement à la plupart des garçons de mon âge, qui préfèrent le foot ou la musculation, comme ils disent. Ils sont tous là à comparer la taille de leurs biceps le lundi matin ; je trouve ça stupide. Je me fous de toutes ces critiques, de ces gens qui disent que ça fait « pédé » ou « tapette », de tous les préjugés sur les danseurs et leur silhouette svelte. J’ai toutes les filles pour moi et je peux vous dire qu’elles sont jolies, les danseuses ! Elles sont minces et élégantes, elles ressemblent à des petits oiseaux prenant leur envol, fragiles et légers, libres. Je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque je danse, quand je décolle, quand je cours, quand les petites ailes de Mercure poussent à mes chaussons. Quand il n’y a plus rien autour de moi, juste le vent et le fredonnement lointain du piano à mes oreilles. La danse, c’est toute ma vie. Personne ne pourra jamais me faire arrête, ni mes parents, ni l’amour, pas même la mort. Quand je serais grand et que je serais seul chez moi, j’enfilerai mes collants et mes chaussons et je peindrai le visage Bonheur. Je décrirai ses courbes folles et gracieuses avec de simples gestes. Comme un peintre utiliserait son pinceau et sa palette, j’utiliserais tout mon corps, la musique sera mes couleurs. Je danserai et je redeviendrai la petite étoile que j’étais, petite lueur au milieu des milliards d’autres. Je redeviendrai le petit garçon que je suis aujourd’hui, je retrouverai l'innocence, je retrouverai mon enfance, je retrouverai le goût de ma liberté. - Elliot ! Elliot ! Je me retourne, surpris. Laura passe sa tête par la porte du couloir. - Oui ? - Ben, dépêche-toi ! Tu fais quoi ? - J’arrive, Lau’ Je souris à Laura et elle me rend mon sourire. Elle est jolie, quand elle sourit, avec ses petits yeux bleus qui rient et les éclats qui brillent au fond de son regard. Je donnerai n’importe quoi pour avoir une amie comme elle toute ma vie. J’aimerai qu’elle réussisse et qu’elle soit heureuse. Quand je la regarde un peu trop longtemps, j’ai l’impression que mon cœur est un sucre qui fond dans du café, qu'il se désintègre, que toutes mes pensées s'envolent. Il n’y a plus qu’un sentiment qui éclot jusqu’à devenir gigantesque. Je le sens grandir, comme le bourgeon d’une fleur à venir et puis s’ouvrir, délivrant une explosion de couleurs. Le bonheur. L'amour. Ce sont sûrement toutes ces choses-là.Trente-et-un mai, Paris, 14h37. - Tu stresses ? Ma gorge est sèche, j’ai du mal à parler. - Non. - Vraiment pas du tout ? Silence. Juste le vrombissement du moteur. Je suis mort de peur. J’ai une espèce de boule coincée au travers de la gorge. Pire, même : j’étouffe. J’ai l’impression d’être un poisson hors de l’eau : une vulgaire carpe qui s’agite sur son siège à la recherche d’oxygène. - Non. - C’est pas vrai. Et à nouveau, silence. Je n’ai rien à redire. J’essaye de ne penser à rien, de me vider la tête, mais j’ai l’impression que les pensées s’acharnent à rester là où elles sont. « Et si tu rates ?, me disent-elles, qu’est-ce que Lucette va te dire ? Tu sais, Elliot, elle sera déçue. Très déçue … Très, très, très déçue ! » Les syllabes s’étirent dans ma tête, tournent et retournent dans ma tête, s’amplifient. « Mais la ferme à la fin ! » ai-je envie de crier, mais je n’ai plus assez de souffle pour articuler le moindre mot. Les doutes, c’est pire que de la torture. J’ai l’impression d’avoir le poids du monde sur les épaules. J’ai peur de décevoir, de me décevoir. D’être nul. De faire honte. Peur de tout rater. J’ai un quart d’heure. Un quart d’heure pour les convaincre de m’aider à faire le premier pas. Sortie suivante : Paris, indique un panneau. La voiture se place dans la file de droite. On y est presque. Il faut que je sorte, que je me dégourdisse les jambes. J’ai l’impression que les minutes s’allongent comme on tire sur un élastique. Enfin, après très exactement trois heures et quarante-deux minutes de route d’après Tom-Tom, nous arrivons à l’Ecole Nationale de Danse. Et lorsque je passe la porte principale, mon cœur se serre. Maintenant, il n’est plus question de faire demi-tour. J’irais, je vais jusqu’au bout. Et je pense à Laura qui, elle aussi, de son côté, va entrer dans la grande salle. Trente-et-un mai, École Nationale de Danse, Paris, 14h45. C’est magistral. Eblouissant. A la limite de tout ce que j’avais pu imaginer. A la frontière de tous mes désirs. Je dois ressembler à un gamin devant les vitrines de Noël. Mon père m’entraîne par la main et je me sens arraché à la beauté du bâtiment, comme si je n’avais pas eu le temps de savourer totalement ses merveilleuses. - Bonjour, je viens pour mon fils, Elliot Levis. - Attendez deux minutes, s’il vous plaît. Hm... Oui, Elliot Levis, numéro 309. Vous passez dans une demi-heure. Les vestiaires sont au bout du couloir, à droite et la salle d’audition à côté, vous ne pouvez pas la rater. Bonne chance. La dame me sourit. Elle a l’air gentille, mais elle n’a pas un aussi joli sourire que Laura. Aucune fille ne peut avoir un plus joli sourire qu’elle. A nouveau, mes pensées me ramènent à elle ; je pense à son rire, à sa manière de pencher la tête en arrière, à ses yeux bleus qui brillent et mon cœur fond tout doucement dans ma poitrine. Mon père me pousse tout doucement dans le dos. - Elliot, tu es sur la lune ou quoi ? Dépêche-toi ! On se retrouve tout à l’heure, je préfère ne pas t’accompagner. Je lui souris, pour le rassurer. - Merci Papa. A tout à l’heure. - Je t’attendrai dans le couloir. - Oui, merci. Je rehausse mon sac sur mon épaule et me dirige vers les vestiaires. Je referme la porte derrière moi. Les regards se tournent vers moi lorsque le cliquetis de la serrure se faire entendre. Les visages sont tendus, stressés, désespérés, inquiets. Je m’assoie sur un banc dans un coin de la pièce et je commence à me changer, très lentement, pour occuper mon esprit et ne penser à rien d’autre qu’au bas que je suis en train de déplier méticuleusement. Numéro 304… Mon ventre se serre… Le garçon 305 revient les larmes aux yeux. 306. Je suis prêt maintenant, et je n’ai plus rien à faire, alors je m’assois sur le banc et je cherche les rares taches sur le mur blanc. 307… Les minutes s’égrènent. 308… Je panique. 309. Une dame vient me chercher et me conduit dans la salle d’audition. Je relève le menton pour franchir la porte. Et je pense à Laura. La pièce est immense. Sur toute la gauche, de grandes fenêtres ouvrent sur les jardins de l’Ecole, baignant la pièce d’une lumière vive et claire. Tous les autres murs sont couverts de miroirs le plafond semble à des kilomètres au-dessus de moi. Je lève la tête ; un morceau de ciel et des nuages de peinture blanche. Je souris. Les jurés, installés face à moi, restent impassibles devant mon admiration. Tout à gauche, il y a un gros monsieur qui me détaille de la tête au pied. Une vieille dame à l’air sévère est assise à côté de lui et échange quelques paroles avec sa voisine. Quant à celle qui est venue me chercher, elle s'est installée près de la porte et continue de m’adresser des regards rassurants. Je m’accroche à ses yeux, les seuls qui ne me dévisagent pas avec exigence, pour ne pas me noyer. - Bonjour Elliot, commence la vieille dame à l’air pincé en relisant la fiche qu’elle a sous le nez. Elliot Levis, tu as onze ans et tu viens de Poitiers, c’est bien cela ? - Oui, dis-je poliment. - A la barre, s’il te plait. En première. Musique, s’il vous plait. Pliés. Je m’applique à faire des mouvements clairs et limpides, exactement tout ce que j’ai appris avec Lucette. Les bases, le BA-BA puis la difficulté augmente, je dois me concentrer. Pourtant, je n’y arrive pas, mes muscles sont raides et mes gestes imprécis. Comme si, sur mon tableau, les couleurs s’étaient ternies ou les traits s’étaient brouillés. Comme si on avait retiré son cœur au peintre le temps qu’il peigne son tableau. Je suis déçu. On me demande de la technique brute, sans émotion. Du mouvement sans raison, sans but précis. On teste mes capacités physiques et non expressives. - C’est bien, Elliot, merci, finit par dire le seul homme du jury. Nous allons déplacer la barre et tu vas nous montrer ce que tu sais faire, tu es libre de faire ce que tu veux. Il remonte ses lunettes du bout du doigt, s'éclaircit la gorge. Les autres dames murmurent quelques phrases inaudibles en me dévisageant. Pas une seule fois elles n'ont souri ou grimacé. Elles m’ont juste regardé, sans le moindre mouvement de sourcil, cachées derrière un masque impénétrable, les yeux vissés sur mon corps en mouvement. Le temps semble suspendu au silence, je perçois la tension palpable dans la pièce. Mon cœur cogne si fort dans ma poitrine que j'en ai mal ; j'ai l'impression que le monde entier peut entendre ce battement saccadé et haletant. Je vais faire ce que j’aime le plus. Ce n’est pas ce que je sais faire de mieux techniquement, mais c’est que je préfère : l’improvisation. Je crois que c’est important de faire ce que l’on aime dans la vie. Je me place en troisième, secoué par d'incontrôlables tremblements. Je ferme les yeux, tout doucement, en respirant à fond. Mes poumons me semblent désespérément vides et, à chaque seconde qui s’échappe, j’ai la sensation de m’asphyxier un peu plus. Alors, je me jette dans le vide. Et la magie opère. Je danse sans vraiment savoir ce que je fais, je peins un tableau imaginaire, je bouge avec tout mon corps. Mes jambes, mes bras, mes mains, mes doigts, mes pieds, ma tête. Je glisse, je tourbillonne. Je me fiche du jury, de tout ce qu’ils pourront penser. Je pense à Lucette, à mon père, au sourire de Laura et à tous les gens qui ont toujours été là. Je danse, comme je n'ai jamais dansé. Avec la sincérité la plus pure dont je suis capable. Même la musique du magnétophone n’est plus là. De toute façon, je n’en ai pas besoin. Il y a autre chose qui m’accompagne, quelque chose que je ne pourrais pas vraiment décrire. Une musique qui vient d’ailleurs, du ciel ou de la terre, je ne sais pas, quelque chose d’étrange à l’homme qui nait des plus profonds plaisirs. C'est peut-être le vent qui sonne ainsi à mes oreilles, ou peut-être est-ce le bonheur, le véritable bonheur qui glisse sur mon visage. Je me glisse dans l'air. Je suis tout et je ne suis rien. Un être et une poussière. Je ne suis qu'un battement de cœur. Je ne suis plus un gamin, ni même un jeune adolescent. Je suis un danseur. Il y a dans ma danse un mélange de tous les sens et tous les arts. J’y dessine tout ce que j’aime et il en ressort un drôle de ballet. Je voudrais décrire les boucles les cheveux de Laura, le goût d’un flocon de neige sur la langue, la liberté d’Eluard, les dorures des arbres l’automne, tous les tableaux que je voudrais offrir, je voudrais que l’on entende pas seulement la musique du magnéto mais aussi celle de mon corps, je voudrais faire chanter le silence et faire taire les bruits. Je rayonne, je tourbillonne, quel pied ! Je tends les bras, comme je voudrais qu’elle soit là, Laura, que je puisse la serrer fort, fort contre moi, je voudrais que je jury puisse la reconnaître à côté de moi. Je mets tous mes souvenirs dans les gestes, je n’ai plus peur de ralentir, d’accélérer, de briser le rythme, la danse aussi à le droit à sa vie, avec ses hauts, ses bas et ses rebondissements. Je parle des chagrins d’amour, de l’or du soir qui tombe, de théâtre et du cinéma, des animaux de la mer et des bateaux sur l’horizon. Je vogue sur une vague d’idées et de sensations, je m’y enfonce et je m’y noie. Je tourne comme un manège, comme la neige en hiver, comme une feuille dans le vent... Mes joues sont brûlantes, mes yeux me piquent. Je regarde le ciel artificiel au-dessus de moi ; pourtant je perçois un battement d’aile blanc quelque part au milieu des nuages cotonneux. Je tourne et soudain je m’arrête, un peu vacillant, des étoiles plein la tête. Je m'arrête et tout s'éteint. La cassette dans la magnéto se termine. Je m'accroche à la dernière note qui résonne, presque inaudible. Je l'écoute s'échapper jusqu'à la dernière seconde… Elle m'abandonne. Silence. Pesant. Je suis seul. Seul avec le jury sévère qui ne prononce pas un mot. Les cinq membres du jury me dévisagent. Ils ont l’air à bout de souffle, eux aussi. Je fouille leur visage, cherche une petite lueur au fond de leur regard mais ils semblent incapables de laisser transparaitre la moindre émotion. Je n’y décèle qu’une pointe d’incompréhension, peut-être. - Merci, Elliot. Tu peux y aller, tu recevras le résultat par courrier, chez toi, d’ici quelques semaines. J’avais chaud, mais je viens de recevoir une douce froide. Merci, au revoir. Rien de plus, rien de moins. Pas un vrai sourire ou le moindre commentaire. Alors je répète, aussi neutre qu’eux. - Merci. Au revoir, et je me dirige vers la porte où je suis entré. - Elliot, juste une dernière question, s’il te plait, commence prudemment le troisième jury, la jeune femme qui n’avait encore rien dit jusqu’ici. Imperceptible hésitation. Je m’arrête. - Que ressens-tu quand tu danses ? Je me retourne. La question me semble étrange, totalement différente de toutes les autres que l’on m’a posées jusque ici. Idiote, aussi. Un piège ? Je cherche avec soin ma réponse, les bons mots. Je veux faire une jolie phrase. Et puis finalement, je choisis de faire simple. - C’est juste… du bonheur à l’état pur. Natif. Comme un diamant. Je me sens libre, comme de l’air. Je m’échappe. Je décris une arabesque qui s’élève devant moi avec mon poignet comme pour faire apparaître le spectre d’un élément invisible devant moi. Quelque chose d’aussi indiscernable et immuable que la poussière dorée de la lumière d’été. - Vous voyez ? La dame me sourit, pour la première et la dernière fois. - Merci. A bientôt, Elliot, finit-elle dans un sourire. « A bientôt. » Trente-et-un mai, Paris, 15h35. - Papaaaa ! Je crie en l’apercevant au bout du couloir, à la sortie des vestiaires. Je cours vers lui, mon sac ballottant sur mon épaule. - Alors, ça s’est passé comment ? Tu en as mis du temps ! Je me mets à pleurer dans ses bras, comme un bébé. Toute la pression retombe d’un seul coup, je me sens petit, si petit, encore un petit garçon. J’ai envie de voir Lucette, lui dire qu’elle pourra être fière de moi. Et puis après Laura et l’embrasser et lui dire qu’elle et belle et qu’elle a un beau sourire et… - Elliot, calme-toi. Tu sais, on a le temps. Tu as toute ta vie devant toi, tu sais. On rentre, on passera chez Lucette en rentrant, ou demain matin, d’accord ? J'acquiesce entre deux sanglots et je me remets sur mes jambes encore chancelantes. J’ai dit « à bientôt » à l’Ecole, exactement comme la jeune femme du jury et puis on a repris la voiture. On ne se quittait pas vraiment. On sort de Paris, du bruit des voitures et de la ville. Il y a du monde à l’entrée de l’autoroute. Je glisse dans le lecteur le CD de ma musique et je pose ma tête contre la vitre ; je ferme les yeux. Et, toujours, je pense à Laura. Je ne vois rien venir. Pas les bruits, ni les cris, ni la douleur. Les étoiles devant mes yeux entament un étrange ballet. Elles sont magnifiques, ce sont les plus belles étoiles que j’ai jamais vues. Doucement, je pars les rejoindre, dans ce monde qui n’appartient qu’à moi. Et lentement, je m’endors, bercé par le murmure de ces étoiles qui dansent. Je pourrai entrer à l’Opéra, faire des études brillantes. Je pourrai devenir danseur étoile. Je pourrai, un jour, monter sur scène et avoir le plaisir de chercher mes parents dans le public. Je pourrai épouser Laura. Je pourrai avoir la vie devant moi. Mais en une fraction de seconde, le futur devient conditionnel, tellement irréel. Dans le ciel, une petite étoile tremble, vacille… - Que deviennent les étoiles qui se meurent ? - Les étoiles ne meurent jamais. Les étoiles sont éternelles. Et même si elles s’éteignent, elles continueront toujours de briller… Ailleurs… Premier juin, Hôpital de Poitiers, 20h40. - Alors ? Des nouvelles ? J'entends la voix lointaine et crispée de maman, la douleur dans sa question. Je sais qu'elle aurait voulu parler davantage, mais elle n'a réussi à articuler qu'un petit mot chétif et hésitant. - Alors, rien. C’est encore trop incertain. Sûrement une paralysie, plus ou moins importante. - Et les miracles ? Silence. Je ne sais pas si elle a entendu les mots que j'ai essayé de lui souffler. J'ai voulu prendre sa main et la poser sur ma poitrine, mais mon bras était lourd, si lourd... « Ne pleure pas, maman. Tu sais, quoi qu'il arrive, je danserai toujours. Là, tu vois, dans mon cœur. »
Petit Plus ~
¥ Code du règlement : Spoiler: Code validé
¥ Pourquoi tu t'es inscrit(e) : Pour écrire, what else ?
¥ Que penses-tu du forum : Parce que, désespérément, je cherche un forum d'écriture où tout le monde ne fait pas que des compliments, sans pour autant tomber dans les répliques hautaines de gens qui se croient réellement supérieurs. Alors, je tente ma chance ici, et on verra bien.
¥ Que penses-tu de l'écriture : Un passe-temps, une passion, un besoin, une philosophie, une folie, un désir, un souffle de vie, un espoir, une échappatoire, un fragment vers l'éternité.
¥ Un mot pour la fin : Peace ! ♥